Editions Livre de Poche - juin 2011
Charly Traoré est un p'tit gars des cités, un garçon sérieux et consciencieux, qui vit avec sa mère, une malienne qui est femme de ménage auprès d'un couple de retraités, et sans son grand-frère, un drogué qui reste en marge de la société. Un matin, tout bascule : alors qu'il s'apprête à aller à l'école, des policiers viennent à la maison et embarque sa mère. En 2 minutes, le voilà seul, apeuré, que veut-on à sa mère ? Comment peut-il se cacher si jamais on le recherchait lui aussi ? Où se trouve son frère, et pourra-t-il l'aider ?Le style n'est pas nouveau, un roman à la première personne sur le ton de l'enfant qui analyse son entourage, sa situation, avec son vocabulaire populaire et imagé, avec ses monologues qui passent d'un sujet à l'autre en un rien de temps. Ca m'a rappelé "Mon père est femme de ménage" de Saphia Azzedine.
Extrait :"Je marchais vers la cité Berlioz et mon ventre continuait de faire des bruits. Je n'étais pas souvent allé dans cette cité. Déjà parce que je n'avais rien à y faire. Mais en plus parce que ça craignait franchement. C'est la première à avoir été construite et ça se voit tout de suite. On dirait une ville après la guerre, sauf qu'il y a pas eu la guerre. Et ça fait encore penser à ces machins de voyage dans le temps. Je veux dire qu'il suffit de la regarder pour comprendre comment les autres cités vont devenir. C'est pas de la magie ou quoi. C'est juste que toutes les cités ont plus ou moins été construites de la même façon. Et que si vous veniez ici, vous seriez paumé. Pour aller de mon collège à Berlioz, il faut se taper un tas de quartiers pavillonnaires. C'est la déprime de marcher dans ces rues. Ca sent la mort je vous jure. Le seul truc bien c'est de savoir que Mélanie Renoir habite un de ces pavillons. C'est pas vraiment vraiment le chemin, mais ça fait pas un trop long détour."C'est un roman plein de tendresse dans un monde de brutes. Le parcours de 24h de la vie d'un bonhomme pas tellement gâté par le destin, mais qui ne s'en plaint pas tant que ça. Un petit poucet qui erre dans la jungle de béton, qui pense à fuir la police par réflexe jusque dans un local électrique - réminiscence d'un fait divers de Clichy-sous-Bois -, qui s'interroge sur la présumée culpabilité de sa mère, sans envisager qu'une absence de papiers la rendrait si fautive. Le coeur en dehors est un roman qui prend des allures de conte de l'enfance, à la lecture fluide, qui raconte en filigrane certaines réalités sociales contemporaines.
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