Magazine Culture
Sur les photos des Small faces Ronnie Lane ressemble à une erreur de casting ; des airs de vilain petit canard, un genre de Ringo Starr en pire ; en plus inquiétant, en bassiste. En fait le prototype du bassiste louche, tellement louche que pour un peu et en comparaison le futur étrangleur binational Jean-Jacques Burnel passerait pour un gentil judoka effarouché par le karaté. Pourtant Ronnie Lane s’il était bien bassiste n’était pas plus louche que moi (qui le suis très peu). Tenez pour vous en convaincre prenez le Ronnie Lane mid seventies, il n’a vraiment rien de menaçant, il monte une sorte de troupe itinérante, avec jongleurs, danseuses et ménestrels (minstrels). L’aventure est singulière, mais l’aventure est belle. Entre deux tournées il enregistre trois albums tout autant fantaisistes que rustiques, des albums qui témoignent de tout le barnum et qui pourraient ressembler à des Basement Tapes décontractées. En les écoutant, l'envie subite de boire moult boissons fermentées avec Ronnie vous prend. On oublie la sinistre maladie qui l’emportera plus tard. On oublie presque les Small faces et cette descendance bienheureusement éthylique que furent les Faces. On oublie tout ça et on est gentiment charmé par des chansons toutes simples, une mandoline sur le contre temps, un Honky tonk with broken piano, des bluegrass, des effluves Western Swing. Ronnie Lane n’est pas un grand songwriter, ce n'est pas un grand chanteur non plus, c’est un simple artisan plein d’humanité et il n’y a vraiment pas de quoi être effrayé par lui.
Voilà pour Ronnie Lane, voilà pour la musique.