Je ne sais pas vous, mais c'est le genre de phrase que j'entends tous les jours. Que je prononce tous les jours. Au gré de mes déplacements dans les couloirs, à la cantine, en prenant l'ascenseur...
Car travailler sur un site avec près de 6 000 personnes, ça fait du monde à croiser. Certains avec qui sympathiser. Certains à détester. Et puis, il y a ceux que tu croisent, et qui te sont sympathiques, mais avec qui tu ne vas pas plus discuter que cela. Parce que tu n'as pas le temps. Pas les mêmes intérêts apparemment. Donc, tu souris, tu dis ton "ça va ?", l'autre te réponds "ça va", et puis tu continues ton chemin.
Le problème vois-tu, c'est que parfois, ça ne va pas forcément. Et que tout le monde te réponds par politesse. Que personne n'ose te dire "non, ça ne va pas, parce que...". Ils pensent que tu es juste poli, et que tu n'as pas vraiment le temps de t'intéresser à eux. Alors ils continuent leur chemin, avec leurs soucis, parfois seul(e)s, très seul(e)s, trop seul(e)s....
C'était le cas de ma collègue. Je l'aimais bien, je la croisais souvent. Une personne compétente, gentille dévouée, avec qui j'avais pourtant eu quelques échanges, mais pas assez je pense pour qu'un jour elle ose me dire (nous dire) "ça va pas trop en fait".
Bref, un midi, M. ne s'est pas sentie trop bien. Elle était pudique, alors elle a fermé la porte. Et tout le monde a cru qu'elle n'était plus là. Mais en fait, elle était toujours là. Personne n'a ouvert la porte, personne ne s'est dit "Tiens, allons prendre des nouvelles de M." Et quand on l'a retrouvée M., il était trop tard.
Alors, où que tu sois M., j'espère que maintenant, ça va.