Cette nébuleuse de groupes alliant en effet le choral, la mixité chère aux groupes folk des deux "grandes décennies", Mamas and Papas et Jefferson Airplane en tête plus toutes les merveilles de la folk britannique des 70's, a offert depuis presque une décennie une passerelle nord-américaine allant de Montréal (Arcade Fire) à LA (Bodies Of Water, Family Of The Year), que des groupes chéris ici ! Il faudra désormais compter avec la formation rémoise aux mains ensorcelées qui a tout pour faire parler d'elle et bien vivre de son art. D'abord un visuel qui ne manque pas d'interpeller pour son deuxième album, qui offre des similitudes de ton et de contraste troublant avec le dernier John Cale.
Riche d'une formation étoffée -5 gars et une fille même si en abandonnant une partie de son encombrant patronyme la formation a également perdu un membre- The Bewitched Hands a semble-t-il franchi un cap avec son deuxième opus après un premier déjà très réussi et que l'on devinait riche en mélodies rafraichissantes. Le son s'est simplement étoffé, conférant une meilleure densité et cohésion aux chansons.
Ouverture magistrale et liturgique avec ce "Westminster" qui donne le ton d'une formidable escouade de copains chantant à l'unisson avec un plaisir non feint.
Ici ou là et sur certains réseaux sont nées certaines moqueries tendant à discréditer gratuitement l'accent anglais, les textes des Bewitched Hands ; pourtant, et si la première pique est nulle et non avenue (je défie quiconque d'affirmer les yeux fermés la nationalité du collectif), le deuxième est en effet totalement assumé par le groupe.
Ici on pense léger, on ne se prend pas la tête et sous des bluettes d'apparence inoffensive, l'on signe des morceaux redoutables.
Ce n'est pas la moindre force des Bewitched Hands que de transformer un essai casse-gueule ("Words Can Let You Down" c'est-à-dire une mélodie totalement cheesy et utilisant notamment l'inénarrable son de Roland JP8 cher au groupe Europe (et à HIPHOP) dans les années 80, sous mode cuivres krapock !
Pour en faire à l'arrivée, peut-être l'une des meilleures chansons du disque.
Et puis, que penser de ces "Thank You Goodbye It's Over", "She Bewitched Me", "Boss " qui emprunte autant au "Our House" de Madness qu'au "Eyes Without A Face" de Billy Idol (!), prouvant ainsi son attachement aux 80's, malgré le manifeste intitulé "Fifties Are Good". Si ce n'est qu'il paraît difficile de leur résister, tout comme il sera ardu de rester de marbre face au crescendo souverain de "Ah !Ah !Ah!Ah!" - depuis Manfred Mann et son Ha Ha Said The Clown", avait-on utilisé cette interjection pour titre ?
Toutes ces choses fonctionnant comme autant de vocalises, d'hymnes définitifs.
Hymnes au dancefloor aussi grâce au chaloupé "Let Me" et l'infernale tournerie de "The Laws Of Walls" qui clôture en beauté un disque sans temps mort et qui augure d'un avenir souriant pour ses auteurs.
En résumé : après un coup d'essai mené de main de maître, les babas poppy rémois s'imposent comme l'un des nouveaux fers de lance d'un genre choral très arrangé mais surtout très bien écrit, offrant ainsi un pont aérien avec la vivace scène californienne. L'avenir leur appartient.
le Myspace
"Westminster"
"The Laws Of Walls"