Bazar de questions d'Alexandra Varrin

Le dernier roman d'Alexandra Varrin est sorti en septembre dernier, lors de la rentrée littéraire : C'est Maman qui a a tué le Père Noël. Il est publié aux Editions Léo Scheer et vient de recevoir le Prix Claude Milan à Cognac, présidé par Eric Naulleau. C'est un livre drôle, grinçant et percutant qui mérite qu'on l'offre à tous les membres de sa famille, surtout les plus cinglés... On peut évidemment l'offrir à tous ceux qui aiment l'humour : on élargit le champ (quoi que...) !
4ème de couverture : "Ils ne pensent pas à mal et au fond ce sont des gens bien, notion que vous avez apprise par cœur même si ce sont des personnes que vous ne connaissez pas, qui ne se sont jamais mouillées pour vous et à qui vous hésiteriez longtemps à donner un rein même en sachant qu’ils en ont besoin. La famille. Finalement c’est un peu comme la religion  : si ça n’existait pas, il y aurait moins de tarés.  Huis-clos familial tragi-comique, C’est maman qui a tué le Père Noël réunit pour les fêtes de fin d’année trois femmes issues de générations différentes, la grand-mère, la mère et la fille, chacune en proie à ses névroses, pas nécessairement compatibles avec celles des autres. Les squelettes sortent du placard tandis que tout le monde déballe sa hotte à l’occasion de la Nativité, et, comme le veut la coutume, ça sent le sapin."

***Bazar de questions d'Alexandra Varrin
Ton livre de chevet ?La Tour Sombre, de Stephen King. Stephen King est mon écrivain préféré depuis que j’ai 10 ans, c’est là que je me rends compte à quel point j’ai évolué dans la vie. Plus sérieusement, en dehors de sa capacité à avoir à peu près mille idées à la minute, c’est aussi un auteur dont les œuvres nécessitent souvent plusieurs niveaux de lecture, et La Tour Sombre, à mon sens, c’est une tentative de renouvellement de la quête à une époque individualiste. C’est un des livres à la fois le plus pessimiste et magique que j’ai lu. 

Ta musique du moment ?Dominique, de Sœur Sourire. Mais ça n’est pas du tout une question de choix, c’est juste que cette chanson est dans chaque épisode de la 2^ème saison d’American Horror Story – ma série préférée du monde - et qu’il me faut 3 jours pour me la sortir de la tête. A raison d’un épisode par semaine, je cohabite avec à peu près deux semaines par mois, je la fredonne régulièrement dans mon appartement avant de lâcher un chapelet d’insanités parce que c’est à la limite du supportable. Les voisins doivent penser que j’ai la Tourette, je déteste cette chanson. L’objet que tu aimes offrir ?J’aime bien offrir des livres qui m’ont vraiment plu, parce que je trouve que c’est un joli cadeau qui relève un peu du partage de soi quand on considère l’impact que peuvent avoir certains romans. Mais la plupart du temps les gens font un peu la gueule, alors je fais dans le consensus, j’offre des bouteilles comme ça j’en profite aussi !Le classique qui te tombe des mains ?A la recherche du temps perdu, de Proust. J’ai essayé une bonne quinzaine de fois déjà, mais je n’ai jamais réussi à dépasser les 20 premières pages. C’est qu’au bout de quelques lignes, je me mets à penser à ma liste de courses ou à tout un tas de choses, si bien qu’à chaque fois que je tourne une page il faut que je relise la précédente sinon je suis perdue. J’ai fini par partir du principe que quand j’aurai lu ce livre, je pourrai mourir, ce qui fait que je me considère immortelle. Un objet fétiche ?Je ne suis pas vraiment matérialiste ni trop attachée aux souvenirs, d’ailleurs plus ça va moins je prends de photos pendant les concerts par exemple, alors que j’étais du genre à mitrailler comme une malade il y a quelques années encore. Mais en parlant de ça justement, j’ai une boîte ridicule dans ma table de nuit avec tout un tas de places de concerts, d’autographes, de médiators récupérés dans la sueur et dans le sang et même un pass d’aftershow pour Rammstein. Ca doit être ce qui se rapproche le plus d’un objet fétiche chez moi. Ou ma grenouille en peluche.Pourquoi écrire ?J’ai commencé très tôt, vers 7 ou 8 ans, essentiellement parce que je n’avais pas trop d’amis et que c’était ma manière à moi de jouer. 20 ans plus tard ma vie sociale s’est améliorée, mais j’en ressens toujours le besoin, avant tout parce que ça m’aide à comprendre ce que je pense par rapport à certaines situations et aussi par besoin de dire ma vérité. Ecrire en musique ? Je n’ai jamais fait, mais en écoutant Sœur Sourire en boucle, j’arriverais sûrement à écrire une histoire de démence très réaliste.  Un photographe ?La photographie pour moi c’est un peu comme l’astrophysique : je n’y connais strictement rien, et je serais bien incapable de citer un nom un peu original malheureusement…Ton film culte ?"Lost Highway", de David Lynch. Un lieu parisien insolite ?Je crois que ça reste le Boulevard Barbès, cette espèce de ligne Maginot entre deux mondes : le quartier très bobo au nord avec Montmartre en guise de cerise sur le gâteau, et le bled au sud avec le marché improvisé au milieu de la rue, le zouk à fond pendant la fête de la musique, bref deux mondes qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.Un musicien ?Amanda Palmer. Elle est aussi auteur et interprète et c’est une excellente pianiste. Elle faisait partie d’un duo il y a quelques années qui s’appelle les Dresden Dolls, elle était au piano et son partenaire à la batterie et c’est un groupe qui a marqué la fin des années 2000 pour moi, tant pour leur originalité que pour leurs textes et leurs mélodies. Un moment inoubliable ?Il y en a tellement… Je crois qu’un des plus représentatifs de ce qu’est ma vie a été le moment où les pompiers ont abattu à la hache la porte de mon ancien appartement, plus un pan de mur me séparant de chez le voisin en prime sous prétexte d’un incendie qui n’avait jamais eu lieu. Pour situer le contexte, je dois préciser qu’à ce moment-là j’étais au travail, occupée à vendre des insertions publicitaires pour un magazine qui leur était consacré. Typiquement une de ces anecdotes extraordinaires qui n’arrivent qu’à moi…Un artiste hors du commun ?Marilyn Manson ; pour passer d’une extrême finesse intellectuelle et physique à une insupportable lourdeur dans les mêmes domaines en deux albums d’intervalle, on ne peut pas lui enlever qu’il est hors du commun !D’où est venue cette idée de C’est maman qui a tué le Père Noël ?Parmi les personnes qui me sont proches, beaucoup ont des problèmes relationnels avec leurs parents et ont tendance à considérer la famille comme une source de névroses plutôt qu’un lieu de soutien et d’entraide. Je me suis pas mal interrogée sur la communication au sein des familles et sur la notion d’obligations familiales. Ca m’intéressait aussi d’écrire quelque chose qui mêle des personnages de générations différentes, ce qui complique encore la communication mais permet d’introduire un certain décalage qui peut avoir un effet comique. Je crois que mon message s’adresse surtout à ceux qui ont des problèmes relationnels et qui en souffrent, pour les faire dédramatiser et qu’ils puissent aussi en rire. Pourquoi lire ?Pour sortir de soi-même.Un cinéaste ?Robert Rodriguez ; toutes ses tueries me mettent de bonne humeur. Un artiste à voir en concert ?Rammstein. Même pour ceux qui n’aiment pas la musique, juste pour le spectacle pyrotechnique ça vaut vraiment la peine !Un lieu fabuleux ?Mon lit.Un écrivain ?Stephen King, parce que ça reste celui qui m’aura fait le plus rire, pleurer et peur, presque les trois en même temps parfois. Je lis quand même des tas d’autres auteurs, mais s’ils étaient tous attachés par une corde en haut d’une falaise et que je ne pouvais en sauver qu’un seul, ce serait lui.Ton actualité ?En ce moment j’alterne entre des révisions intensives dans le cadre de la préparation d’un concours et j’essaie aussi de rétablir un semblant de justice dans une ville infestée par la peste par l’intermédiaire de ma Xbox. Je suis quelqu’un d’excessivement occupé !