Lors du colloque « Produisons autrement », le ministre de l’Agriculture a réaffirmé sa volonté de faire de la France le futur leader de l’agro-écologie.
Illustration de l’idée de permaculture/Agro-écologieleader de l’agro-écologie.
« Ce n’est pas un débat purement agricole que nous avons, c’est un débat de société sur nos modèles de développement, à l’aube du XXIème siècle. (…) Jusque-là, l’agriculture biologique, les labels se sont construits dans la contestation. Ce qu’on cherche aujourd’hui, c’est une capacité à concilier les grands enjeux en rassemblant tous les acteurs », a déclaré Stéphane Le Foll, en clôture du colloque « Produisons autrement », organisé le 18 décembre au Conseil économique, social et environnemental à son initiative.
Cette déclaration fait suite à un certain nombre d’autres déclarations du ministre qui nous laisse espérer un changement d’orientation dans la politique agricole de la France. Au mois d’octobre 2012, à l’occasion d’une audition publique sur le maïs génétiquement modifié NK 603, Mr Le Foll déclarait qu’il fallait ouvrir le débat au-delà de l’étude du professeur Séralini et de la question des OGM. « La question est de savoir quels modèles de développement, quels modèles agronomiques nous voulons », a-t-il déclaré, précisant que pour lui, les OGM mis à disposition des agriculteurs (résistants à certains herbicides ou à certaines maladies) ne constituaient pas la bonne voie. « Je veux que la France soit le leader de l’agroécologie » a-t-il lancé.
Quelques semaines plus tard sortait une étude consacrée au biomimétisme dans laquelle le Commissariat général au développement durable (CGDD) identifie les pratiques actuelles communément regroupées sous le terme agro-écologie et estime qu’elles pourraient être mieux diffusées dans les exploitations et territoires.
Dans ce rapport le CGDD s’interroge sur l’applicabilité de ces pratiques à grande échelle et conclut qu’elles ne sont pas utopiques, mais bien opérationnelles.
« L’approche éco-mimétique de l’agriculture repose sur l’idée que la structure et/ou le fonctionnement des écosystèmes naturels peuvent être des modèles à imiter pour concevoir les systèmes agricoles (ou aquacoles). Cette approche part de l’hypothèse qu’il est possible de construire des agro-écosystèmes durables en imitant les communautés naturelles (à la fois végétales, animales, microbiennes…), qui sont durables et adaptées aux contraintes locales », définit en préambule le CGDD.
Cette approche éco-mimétique implique que l’on connaisse parfaitement le fonctionnement des éco-systèmes dans la nature en vue de pouvoir les répliquer.
C’est pourquoi le ministre a confié une mission à Marion Guillou, présidente de l’établissement public de coopération scientifique Agreenium, afin d’identifier les éléments et fonctionnalités qui « serviront à construire les itinéraires agricoles de demain ». Les instituts de recherche publics, tels que l’Inra, l’Irstea et le Cirad, inscriront l’agro-écologie comme priorité dans leurs programmes de recherche et appels à projets. De plus, « l’agro-écologie sera placée au cœur des contrats d’objectifs entre l’État et les instituts techniques agricoles, qui seront signés mi 2013″.
Au-delà des belles intention, l’argent comme toujours dans les politiques publiques est le nerf de la guerre. Nous attendons maintenant de Stéphane Le Foll qu’il monte au créneau à Bruxelles et défende son plan au niveau de l’Europe pour que le futur budget de la PAC lui permette de financer la transition de l’agriculture française vers l’agro-écologie et en faire comme il le souhaite .
Car sans incitation et contre-parties financières on voit mal les agriculteurs abandonner leur mode de production actuel faisant la part belle aux intrants chimiques.