Avec la plainte contre la France, les langues se délient : pour la première fois, le gouvernement parle de la consanguinité des ours.
“D’autre part, le ministère reconnait que des questions restent posées, parmi lesquelles la question génétique (le même ours slovène est en effet le père, voire le grand-père, de la plupart, si ce n'est de tous les oursons nés dans le massif depuis son arrivée)…” (AriègeNews)
Et une étude supplémentaire, une !
“…et il a commandé des études pour déterminer le nombre d’ours qu’il faudrait introduire pour obtenir une population viable à long terme.” Le sujet figurera dans «une stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité» qui devrait être publiée avant la fin 2013.”
Pour Alain Reynes, c’est une manière de gagner du temps: "on a déjà tous les éléments possibles et imaginables sur le sujet: études, inspections, audits, rapports d’étapes, études d’intention, groupes de concertation… il n’y a pas beaucoup de sujets à avoir été aussi étudiés."
Après le rapport sur la viabilité de la population d’ours dans les Pyrénées, l'étude sur la distribution spatiale de l’espèce et son statut de conservation sur l’ensemble du massif pyrénéen, l'étude visant à déterminer la sélection de l’habitat, l'étude sur le comportement spatial des ours bruns, voilà la demande d' une nouvelle étude pour déterminer le nombre d’ours qu’il faudrait introduire. Or cette étude existe déjà explique Alain Reynes, directeur de Pays de l'ours-ADET : " La dernière étude de l’ONCFS (un service du ministère) est sans ambiguïté puisqu’elle indique que la population n’est pas viable, il faudrait lâcher rapidement entre 17 et 21 ours pour viabiliser les deux noyaux de la population pyrénéenne"
La population d'ours pyrénéenne est la population la plus suivie au monde!
Dans l'éditorial du rapport scientifique de l'ONCFS en 2009, Jean-Michel Gaillard, Directeur de recherche au CNRS, Président du Conseil scientifique de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage déclare que "Sans équivalent en France, les études menées sur les grands carnivores, comme le loup et l’ours, place l’ONCFS au premier plan sur la scène internationale."
La vingtaine d'ours qui vivent dans les Pyrénées sont suivis presque individuellement. Chaque ours est aussi parfaitement identifié génétiquement, ce qui, en France, fait de l'ours l'espèce sauvage la mieux suivie. Chaque année, tout le monde, défenseurs, naturalistes, opposants, éleveurs, chasseurs attendent les résultats des analyses génétiques et le rapport annuel de l'ONCFS pour obtenir les nouvelles données sur les oursons de l'année, l'identité des parents etc.
Mise en demeure
Le ministère dit «avoir du mal à comprendre» la mise en demeure de l’Europe. «On a une population qui se porte bien, un habitat qui s’accroit. On considère qu’on est plutôt dans une situation favorable»
“la population se porte bien”
Pour Delphine Batho, «la population a été multipliée par cinq depuis 95.» La population d'ours sur l'ensemble du massif, qui compte environ 25 individus aujourd'hui, «est même en forte croissance», a précisé le ministère, et un très bon taux de survie des oursons montre que l'habitat est «très favorable» au plantigrade, en conséquence «le gouvernement a décidé de ne pas réintroduire d’ours dans l’immédiat».
Le ministère compare avec la situation actuelle avec celle de 1995, moment où la population était au plus bas. Qu'à fait la France entre 1970 et 1995 à part regarder la population d'ours des Pyrénées s'éteindre?
En 2013, on est revenu au même niveau qu'en 1984. Comment? Avec des réintroductions. La population pyrénéenne actuelle n'est pas viable, ni quantitativement, ni qualitativement. Que doit faire la France pour respecter ses obligations internationales? Des réintroductions! Réintroduire des femelles, des mâles et du sang neuf! Ce n'est pas plus compliqué que cela, c'est écrit dans les rapports de l'ONCFS. Alors attendre un nouveau rapport, c'est un peu comme revenir au tant de l'IPHB et du recomptage des ours. où le FIEP écrivait à l'époque (novembre 2006): "Que veut-on de plus ? On se demande si chaque fois que l´on est prêt d´aboutir, que ce soit en 1996, en 1998 ou en 2005, l´IPHB ne cherche pas des prétextes pour se désengager ?" (Lire aussi IPHB : l'étau se déserre enfin sur l'ours, retour sur une imposture-école)
Puisqu’il faut encore revenir sur l’affirmation qui nie les problèmes de consanguinité: "la population se porte bien", je vais relayer ici les craintes que Christian Bacqué a exprimé à la Buvette :
"Ce qui devrait faire réfléchir M.Roy, qui devrait se renseigner un peu mieux que ses connaissances sur les effets pervers de la consanguinité qui ne se limitent pas, et loin de là, à des avortements . Les effets premiers de la consanguinité par endogamie sont des altérations des défenses immunitaires qui peuvent se traduire par des cancers qui se déclencheront à n'importe quel âge de l'animal . Personne ne peut dire l'espérance de vie d'un ourson aujourd'hui en bonne santé né d'un père et de sa fille .
Les surprises seront pour demain d'autant plus graves que les tares se croiseront dans la descendance . Qui donc s'est un jour demandé pourquoi Aspe-Ouest , que l'on suivait en tant que dernier mâle des Pyrénées, a disparu alors qu'il n'était à peine plus âgé qu'une dizaine d'années ?
Il faut s'attendre dans l'avenir avec les effets de la consanguinité à voir disparaître sans raison des ours de nos écrans radars à n'importe quel âge alors qu'is étaient jusque là en parfaite santé apparente. Espérons qu'il y aura quelqu'un pour éclairer M. Roy en matière de génétique car savoir que pour se reproduire les ours des Pyrénées comme les meubles de chez Ikea doivent s'emboîter les uns dans les autres ne suffit pas! "
“un habitat qui s’accroit”
Au niveau de l’Habitat, ne pas réintroduire en Béarn ou déplacer l'oursCannelito, c’est chou vert et vert chou: le territoire de l’ours perdra plus de 40% de sa superficie!
La République des Pyrénées : "Pour en savoir plus sur l'avenir de l'ours dans les Pyrénées, il faudra sans doute attendre… la mi 2014 ! À cette date, le ministère de l'environnement devrait disposer du relevé des réunions de concertation qui ont été lancées pour définir une stratégie globale de développement durable et de sauvegarde de la biodiversité. C'est dans ce cadre que le gouvernement entend replacer la question de l'avenir de l'ours brun. "Ce sont des actions que nous voulons mener en concertation. Nouer des partenariats, cela prend du temps" relève Laurent Roy, directeur de l'eau et de la biodiversité au ministère de l'environnement. Dans ce travail, on accordera autant d'importance aux brebis qu'à leurs prédateurs (...)"
Pour assurer l'avenir de l'ours dans les Pyrénées, "il n'y a pas que la réintroduction" glisse Laurent Roy.Si au terme de la réflexion qui a été lancée, il était décidé de procéder à de nouveaux lâchers, ce ne serait pas forcément en Béarn. "Ne vaut-il pas mieux renforcer le noyau central, dans une région où l'acceptation sociale est meilleure qu'en Béarn" s'interroge le directeur de l'eau et des paysages. Pour trouver des compagnes, les ours célibataires du Béarn, devraient alors se souvenir qu'ils sont de bons randonneurs.
Christian Bacqué : “On sent que la situation pourrait évoluer et que la porte est loin d'être complétement fermée. C'est l'impression que j'ai. Il suffirait d'un peu d'autorité de la Commission Européenne pour faire évoluer les choses dans le bons sens.
Une chose est sûre c'est que Laurent Roy a bien compris à l'étude de la situation politique béarnaise et à l'histoire sur le terrain que l'ours n'avait pour l'heure aucun avenir en Béarn et il entérine ce constat. Quand de plus il dit qu'il n'y a pas que la réintroduction pour assurer l'avenir de l'ours il pense évidement à un transfert d'une région à l'autre. Je pense que ça va être le moment de demander à ce que Cannelito rejoigne les Pyrénées Centrales!”
Ce serait satisfaisant pour la libido de Cannelito, mais la disparition du noyau occidental représenterait la perte de 1.700 km2 de biotope historique (1.200 km2 en France et 500 km 2 sur le versant espagnol : Aragon, Navarre). Si l'Etat continue à ne pas penser "en termes de sous-noyaux géographiques", il provoquera une perte d'habitats de 42,5%. (Lire "Des broutilles, l'Europe jugera), ce qui ne devrait pas plaire à l'Europe. La solution est donc de réintroduire en Béarn...