Aurélie en mode fin de voyage (photos 5, 6, 7, 8 et 9 de S. Quad.)
Reprenons donc là où nous étions arrêtées… Au départ de Mallaig, après avoir une ultime fois dit au revoir à Diane et à David (petit village, on se croise souvent dans une journée), nous avons pris le train pour Fort William, mais pas n’importe quel train :
Les fans reconnaîtront. Nous étions en voiture G. Seul petit problème : arrivées au bout du quai, toujours pas de voiture G en vue. Et le quai se transformait en voie ferroviaire sous nos pieds. Again, what’s the problem exactly dear? T’as qu’à reculer, prendre la voiture D et continuer à l’intérieur du ver de fer. C’est ce qu’on a fait, pour finir par s’asseoir en face d’un couple de Philadelphie, la cinquantaine, à l’aise. Le voyage entrecoupé de petits discussions avec nos voisins d’en face (oui, parce que j’ai encore ouvert ma chatter box) et de morceaux de gâteau à mi-chemin entre la pâte sablée sucrée et le caramel au beurre salé granuleux, nous admirâmes le paysage typique des Highlands, le même que depuis quelques jours mais on ne s’en lasse vraiment pas. Nous arrivâmes sur un « petit » pont, que certains reconnaîtront également…
Nous sommes également passées dans des tunnels de pierre, et la fumée de la locomotive à vapeur s’est engouffrée par toutes les petites fenêtres ouvertes. De quoi finir intoxiquées au charbon assez rapidement, je dois l’avouer.
Et enfin, nous débarquâmes à la gare de Fort William, où, Mesdames et Messieurs, si vous souhaitez soulager votre vessie avant le trajet de 3h en bus vers Glasgow, il faudra vous acquitter de la modique somme de 40 centimes d’euros et de passer en dessous le portique pour sortir (c’est toujours mieux que de prendre l’option « arrêt dans la pampa avec risque que le car ne se tire avant que vous ayez fini votre affaire »).
Je vous avouerai qu’en quittant toute cette nature, si immense, si majestueuse, si brute dans ce qu’elle a de plus apaisant, sans folie humaine, car c’est bien elle, la nature, qui règne en maître ici, et qui tient ses habitants dans la paume de sa main et non l’apparence de l’inverse ; qu’en sillonnant les vaisseaux noueux du cœur de l’Ecosse dans un car avec 5 personnes, dans la pénombre de la nuit tombante, des buissons rougeâtres, je n’en menais pas large, alourdie par une nostalgie précoce des paysages qui défilaient mais me manquaient déjà. J’en voulais plus. Je n’étais pas encore du tout rassasiée de ce phénomène qui balayait toute confusion pour rendre les choses très simples. La seule idée et non des moindres que j’emportais avec moi et qui m’a tenue chaud pour le retour est que j’avais trouvé un endroit où respirer. Et qu’un jour, peut-être, si j’en ressentais le besoin, j’aurais au moins un endroit où aller pour une grande bouffée d’air.
Pour résumer, je n’arrivais pas sous les meilleures hospices à Glasgow. D’autant que, plus la route défilait, plus je me rendais compte à quel point la nature perdait du terrain. Attention, passer d’une bourgade de 800 habitants à une métropole de près de 600 000 habitants peut faire un choc. C’est donc en regardant les immeubles et les rues bétonnées en pleine nuit que nous avons débarqué à Glasgow. Notre auberge de jeunesse s’annonçait comme une grand centre international de djeun’s. Grande auberge… petite ambiance. C’est la règle. Et ça s’est vérifié. Peu de contacts avec le groupe d’Allemands aux (« tartines ») beurrés du soir au matin (dans cet ordre) dans la grande cuisine, ni avec l’Indien qui cherchait (trop) désespérément des amis.
Par contre, grosse surprise en rentrant dans la chambre. Lit deux places hyper confortable et propre, douche et toilettes dans la chambre, petit lavabo individuel, serviettes fournies et télé ! Le palace pour la moitié du prix de la chambre à 6 de Mallaig ! Bon, quand je dis « palace », faut bien remettre en contexte : nous sortions d’une semaine d’auberges inégales et de douches à prendre avec des gants. Donc grosse reprise de morale en regardant X Factor et Britney Spears dégommer quelques candidats qui n’ont visiblement pas un ami pour les aider (c’est-à-dire : leur faire comprendre qu’ils chantent faux). Oui, je sais, après ce que je viens de dire sur les Highlands et la nature, c’est minable de parler d’un télé-crochet. On se console comme on peut.
Moins drôle (enfin ça dépend pour qui) : la douche typiquement britannique, à savoir qu’il faut tourner la grosse molette qui part du bleu au rouge (et donc vous l’aurez compris : passer par le stade de l’eau glacée) pour avoir de l’eau chaude. Mais cette fois-ci, en plus du choc thermique, le débit de l’eau tenait plus de la lance à incendie ou du jet de spa (celui censé vous masser la graisse et la cellulite en profondeur avec la madame à 3m50 de vous), sauf que là, vous vous trouvez coincée dans 50 cm2 d’espace avec le flux dans la face (et plus précisément sur la zone très « robuste » du plexus). Traduction : après m’être fait marteler la gorge à l’eau glacée puis brûlante tout en gesticulant comme un phoque sur la banquise et après avoir passé une demi-heure avec la poitrine en feu (je ne suis même pas sûre que c’était bon pour la circulation sanguine à ce niveau), sans scrupules pour le sol inondé de la piscine de notre salle de bain, j’ai zappé la douche du lendemain et ai opté pour la toilette de chat au lavabo.
Le lendemain, honte sur moi, nous n’avons arpenté « que » le centre-ville. Mon but n’était pas très culturel pour ce dernier jour. Je voulais surtout ratisser Primark (ndlr : un magasin de vêtements peu répandu en Europe, sauf au R.-U.), centimètre carré par centimètre carré, et c’est ce que j’ai fait jusqu’à ce que le carré bleu dans mon porte-feuille craigne de pâlir plus que de raison et que ma conscience de fourmi lafontainoise n’arrive à la rescousse.
Nous avons quand même un peu visité la ville et avons tenté en vain de visiter la cathédrale qui fermait à… 17h. Heureusement que Sarah est restée un jour de plus pour vous faire profiter des magnifiques photos qui ont illustré cet article au hasard.
Ainsi se clôt donc ce chapitre sur l’Ecosse. Un voyage de peu de repos, mais fait de plein de rencontres que je n’aurais jamais pu faire en restant dans mon canapé, plus qu’une respiration, une inspiration.