Lorsque l’on s’installe dans un nouveau pays, il y a beaucoup de premières fois : la première fois au supermarché, la première fois chez le docteur, j’en passe et des meilleures. La première année est forcément celle des premières fois avec les bonnes et les mauvaises surprises.
Dans la série, « j’ai testé pour vous à Shanghai », voici donc ma première expérience avec la poste chinoise.
Après avoir emmené mes filles à l’arrêt du bus scolaire et avoir fait un détour par le Starbuck Coffee du coin – on ne change pas de bonnes vieilles habitudes après quatre années aux Etats-Unis – je pars à pied jusqu'à la poste de mon quartier pour poster deux lettres.
Une fois arrivée devant le bâtiment, je constate que les portes ouvriront moins de 10 minutes plus tard. Je décide donc d’attendre patiemment devant les grilles. J’observe avec contentement que je suis la première arrivée et que je serai donc la première servie. Par les portes vitrées, j’en profite pour détailler l’intérieur des locaux. Un gardien lit son journal en attendant l’ouverture. Les guichets, nombreux, ressemblent à n’importe quels guichets d’administration. Je redescends les quelques marches du bâtiment et observe les passants : une grand-mère qui emmène sa petite fille à l’école, les employés municipaux qui ramassent les dernières feuilles automnales et les vélos électriques silencieux qui traversent un peu plus loin l’immense croisement.
Une moto et ses deux passagers qui se garent à proximité de moi me sortent de mes rêveries matinales. De l’autre côté des portes vitrées, le garde s’est levé. Il ajuste sa casquette, son ceinturon et ferme son journal. Une femme d’une cinquantaine d’années s’est collée à la grille. Je remonte les quelques marches de la poste pour me mettre dans la queue qui se forme. En réalité, il ne s’agit pas vraiment d’un alignement mais plutôt d’un agglutinement. Je comprends rapidement que malgré mon arrivée précoce, je ne serai pas la première servie. Les usagers arrivent plus nombreux et se pressent devant la grille. On me regarde avec un sourire. J’essaie de jouer un peu des coudes, en vain. Les employés de la poste arrivent et se placent derrière leurs guichets. Le garde est prêt. Il appuie sur un bouton. La grille se leve. Les usagers n’en attendaient pas moins. Ils se baissent ou plutôt se glissent dès que possible pour entrer dans la poste. Et là, tout ce petit monde court dans tous les sens pour attraper le formulaire, le paquet, le courrier.
Je n’ai besoin que de deux timbres. Pas la peine que je m’affole. Je m’avance vers le premier guichet de disponible. Je montre mes deux enveloppes ainsi que l’emplacement supposé des timbres tout en prononçant Meiguo (Etats-Unis en chinois). Je paie 12 RMB. L’employée me prend mes deux enveloppes mais ne me donne pas de timbres. Elle me fait comprendre que je peux partir. Le doute monte en moi. Il n’en est pas question. Je veux mes deux timbres pour les coller moi-même sur mes deux enveloppes. Je le lui fais comprendre à l’aide de multiples gesticulations. Elle finit par me les donner. Je finis par les coller. Je réussi à obtenir la durée d’expédition : 10-12 jours.
La mienne fut courte mais je suis extenuée.
Crédit illustration : Free Digital Photos