Vous vous rappelez du discours du candidat Hollande au Bourget et de sa plus célèbre tirade :
La finance est le parasite de l'économie réelle dont les premières victimes sont les salariés et les pays. Elle impose des taux de profils démentiels aux entreprises qui abandonnent toute logique de développement à moyen et à long termes pour garantir des dividendes substantiels aux actionnaires, en procédant généralement à des licenciements massifs, des délocalisations et des coupes budgétaires sur la recherche et l'investissement.
La finance est multiple avec les banques et compagnies d'assurances qui participent à la spéculation, les paradis fiscaux qui assurent aux individus les plus fortunés et aux entreprises d'échapper à l'impôt, et l'absence de transparence des marchés financiers qui blanchissent l'argent du crime.
Cette finance qui a corrompu les patrons et hauts cadres à coups de stocks-options et de bonus substantiels, de retraites chapeau et de parachutes dorés en leur assurant des revenus qui dépassent l'entendement.
Au Bourget, Hollande c'était érigé en adversaire de la finance. 6 mois après la double victoire du PS, il est temps de faire un petit bilan :
- le trading de haute fréquence. Une taxe a bien été créée mais elle se caractérise plus par son caractère symbolique que dissuasif. Un bon coup de communication comme nous l'avions signalé à l'époque.
- le secteur public bancaire : création d'une banque publique d'investissement aux objectifs et aux moyens très limités.
- la séparation des activités bancaires entre les métiers de dépôt et d'investissement pour mettre les déposants à l'abri des risques inhérents à la spéculation. Le projet de loi n'est guère ambitieux. Il n'y aura qu'un simple isolement dans une filiale dédiée aux activités dites non utile, et même les crédits hypothécaires, au cœur de la crise des subprimes, resteront dans le giron de la banque universelle... « La réforme bancaire touchera à peine 2 % de notre activité » selon le PDG de BNP-Paribas... Et, au niveau européen, l'application de Bâle 3 a même été assouplie avec l'accord de François Hollande !
- les paradis fiscaux. Absence de mesure pour interdire aux entreprises françaises de domicilier leurs comptes dans les paradis fiscaux. Et pour les banques d'avoir des succursales.
- les produits financiers toxiques. Le gouvernement n'a pas non plus interdit aux entreprises de créer, d'acheter ou de vendre ces produits qui symbolisent la dérégulation financière.
- l'interdiction des licenciements boursiers. Il ne semble pas que la majorité ait l'intention de voter quelque mesure dans ce sens. L'exemple de SANOFI est exemplaire. D'un côté des licenciements massifs et de l'autre 50 % des bénéfices auront directement dans les poches des actionnaires en 2013. Même logique pour Goodyear.
- les prix de transfert qui permettent aux entreprises, notamment les plus importantes, d'échapper à l'impôt ne sont pas visées par les projets du gouvernement. Les entreprises du CAC 40 ne paient que 10 % d'impôts contre 30 % pour les PME, et ce sont les 1ères qui profiteront sans contrepartie des 20 milliards d'euros d'allègement du cout du travail !
- le renforcement des dispositions contre l'exil fiscal. Le gouvernement devrait prendre des dispositions pour confisquer, à titre provisoire ou définitif, les biens domiciliés en France et les revenus issus d'activités dans l'hexagone des fraudeurs. Après tout, l'exil fiscal est un choix de vie que ces gens-là devraient assumer totalement.
- le revenu maximum, les stocks options, les bonus, les retraites chapeau et les parachutes dorés. Aucune disposition n'a été prise. Les excès d'hier vont donc perdurer. Le PDG de Renault dont l'Etat est actionnaire perçoit des revenus qui équivalent à 1 012 SMIC ! Mais que fait le gouvernement ?
Sans vouloir polémiquer avec les sympathisants socialistes et les blogueurs de gouvernement, le bilan provisoire de Hollande contre la finance n'est guère flatteur. L'adversaire résolu de la finance serait-il devenu son allié en faisant semblant par des mesures accessoires de l'encadrer...?
En attendant, le monde de la finance est euphorique à Davos. Il a même le toupet de donner des leçons en préconisant des baisses de salaires de 30 % en France !