Le toucher. Hum. Comment dire ? Le toucher bizarrement posa quelques problèmes. On se découragea, parait-il, lorsqu’on se rendit compte qu’une chose était impossible à reproduire, une chose magique, mon ami, la plus importante, la plus belle chez la mère pour graver son amour sur la peau de l’enfant, chez l’amante pour envoûter l’amant : LA CARESSE.
Sa subtilité en était la limite. Les capteurs sensoriels de la peau furent semblables à des murs sur lesquels les scientifiques se cassaient la tête. Il y avait là de quoi s’arracher la peau – on imagine que les écorchés vifs furent monnaie courante. La peau comme un pied de nez à la toute-puissance. La peau ultime barrière entre le réel et le reste. Coriace, la peau. Cuirasse inattendue, tendue sur nos petits corps comme on tendait la peau de chèvre sur les percussions, autrefois, quand on avait des mains. La peau, provocation. C’est peut-être son caractère indomptable qui a fait qu’aujourd’hui elle est plus moche que tout, elle n’est plus rien. De dehors.
Et puis, va savoir, un génie, enfin, plus fou que les autres, a décortiqué la peau, a décrypté son langage, a inventé un code autorisant toutes les ivresses épidermiques. Si bien que la plupart des momies, avides de bien-être, ont choisi l’option « caresse perpétuelle ».
Comme une plume douce tous les jours sur la peau.