[anthologie permanente] Dominique Dou

Dominique Dou publie Dans le morde aux éditions Dumerchez. On peut lire un « journal de lecture » de ce livre ici (1, 2)
 
Du dénuement 
 
Être dans le verbe – 
le lieu vague – non – 
être nourri d’un rien – 
le plein de l’estomac – non – 
joindre quelque chose 
à quelque chose – 
le lieu du poème est – 
la collure – 
n’avoir plus à penser être là – 
juste être dans l’entre deux 
là où se plaignent les contraires – 
être enrichi sans demander 
être nourri sans prier – 
être là où est  
l’être – sans le savoir – 
dans le sacré sans croire – oui – 
la jonction des deux faces n’existe pas – 
le séparé sépare 
le séparé accapare – les intérieurs 
à vif – 
laisser le silence – s’il existe – 
emplir ce lieu-là – (comme tout ça est triste) – 
tresser ce qui doit 
l’être là est ma grâce est ma grâce est – 
ma grâce est  
la parole prochaine 
approchant la note de silence – 
la nommer juste : approche 
dénouement !  
De la géographie 
 
Présage –  
depuis les plis d’ante déluge 
jusqu’aux sols lavés d’après cyclone – 
humain – 
petite fabrique de verre – 
cendre immorale – 
venue dans tes mains banales – 
souple sous tes promenades – 
engloutie dans tes remords – 
terre d’humains pétrie 
terre de mains aux alliances  
dorées – 
silence les mains – 
ainsi font font font 
ainsi font font font –   
ainsi sont-elles sous les ciments effondrés – 
mains d’humains –   
ah ! devenir paysage – 
De la délibération 
 
Jour des mots 
nuit des vivants 
d’ici – 
jour des morts 
nuit vivante de bruit 
inattendus – 
jour des morts 
nuit peureuse 
pauvre trou 
fond lumineux – 
jour des morts 
pour morts seuls 
délibérément seuls 
seuls délibérant seuls 
d’ici 
de nous multitude très seule 
restante ici seule – 
jour des morts 
toutes affaires cessantes 
pour nous d’ici –  
inentendus vivants – 
Dominique Dou, Dans le Morde, Dumerchez, 2012, pp. 63, 80 et 81 
Dominique Dou dans Poezibao :  
extrait 1, L’énergie de l’erreur, note de lecture, "après la mort d’A. Robbe-Grillet", texte hommage à Mahmoud Darwich, l’orgueil du poème (réponse à J. Roubaud), « voir Copenhague et mourir »