Le silence de la mer - Vercors

Dans la France occupée, les officiers allemands commencent à se répandre dans les foyers. Inutile de résister, c’est la loi: la famille doit loger un des occupants. Heureusement, celui qui se présente est poli, respectueux, et parle français. Mais un ennemi est un ennemi. Le narrateur et sa jeune nièce se murent dans le silence, ne lui adressant pas le moindre mot. Tous les soirs, ils l’entendent rentrer, guettent le bruit de ses pas. Tous les soirs, il vient passer un moment avec eux et parle, seul. Il parle de son profond patriotisme. De sa conviction qu’il ne peut ressortir que du bien des rapports entre les Français et les Allemands. Parce qu’il aime profondément la France: un pays qui a produit tant d’écrivains illustres, tant de si beaux livres et de si grandes pensées ne peut pas être mauvais. Mais seul le silence lui répond. La guerre, la résistance, le rapport à l’ennemi, il en est question aussi dans les nouvelles qui suivent. Comment cacher à un enfant l’angoisse d’une déportation imminente? Comment se rendre compte à temps que les lois racistes ne touchent pas que les autres, et qu’un jour, même un petit imprimeur peut revoir toutes ses convictions?

Ce petit recueil de nouvelles pour thème l’occupation, et met en question les réactions de chacun dans la situation exceptionnelle que peut être la guerre. Que faire? Réagir? Faire confiance? Protéger les siens? J’ai beaucoup apprécié les efforts de nuance de l’auteur: si la guerre et la barbarie qu’elle a provoquée sont clairement condamnées, il n’en est pas de même des personnes, qui sont traitées avec beaucoup plus de finesse. Ils ne sont pas d’emblée des barbares comme ils pourraient l’être chez Maupassant: ils croient fermement que les choses peuvent évoluer de manière positive même si il faut en passer par une occupation ou une ségrégation, et leur prise de conscience qu’ils ont tort est d’autant plus dure et cruelle. Certaines nouvelles souffrent d’un manque d’intensité regrettable pour le sujet dont elles parlent mais globalement, elles donnent à considérer une période de l’histoire française avec amertume et complexité.

La note de Mélu:

Un texte à découvrir!