Aventures sur le Pinatubo

Publié le 20 décembre 2012 par Stephaniehk

Après une journée de transition passée à regagner le sud de Luzon sous la pluie diluvienne, c’est pleins d’incertitudes que nous nous levons à 5.00 ce jour-là. Un typhon traverse le pays, or notre excursion du jour sera compromise s’il pleut.

A 5h il fait encore nuit noire mais il pleut toujours. La masse nuageuse doit normalement quitter les Philippines aujourd’hui mais on aurait bien aimé qu’elle se soit hâtée davantage…

Nous prenons la route pour la base militaire située au pied du volcan, au fil des kilomètres la météo s’améliore doucement…

Les touristes sont nombreux à attendre la décision tant attendue: cela fait 3 jours que l’accès au site est interdit.

A 7h, le feu vert est donné, les jeeps passent le point de contrôle et l’aventure peut enfin commencer!!

Au début un petit chemin en terre ne présage en rien de ce qui nous attend: très vite nous devons traverser un large ruisseau boueux, grande rigolade du côté des enfants

Le 4×4 est loin d’être décoratif, nous traversons des paysages lunaires, boueux voire inondés en raison des fortes intempéries des 3 derniers jours.

Attention à l’abondance de photos dans ce billet, j’ai eu du mal à faire le tri: nous en avons pris plein les mirettes!

La piste empruntée est le seul accès possible vers le cratère. Le paysage est relativement nouveau puisque la configuration du site a été intégralement transformée lors de l’éruption de juin 1991.

Avant cette date, le Pinatubo était un volcan considéré comme éteint et inactif. D’ailleurs, le relief était celui d’une montagne banale:

Culminant à 1745 mètres avant l’explosion, il a perdu 260 mètres en quelques jours! Un cratère et un lac ont fait leur apparition sur le mont alors qu’aux alentours l’écosystème a été bouleversé par la disparition d’une grosse rivière.

Des milliers de tonnes de boues et de cendres ont été éjectées pendant l’explosion. Le relief est ainsi constitué de matières friables, de sable et de boue, susceptibles de s’effondrer dès que les pluies sont abondantes. Ceci explique l’interdiction d’accéder au site en cas de pluie.

Après une heure de conduite chaotique, la piste s’arrête, il nous faut continuer à pieds.

Alors que je suis derrière les enfants, je suis sur le point de les disputer en les voyant marcher dans le ruisseau

Mais je me rends compte quasiment instantanément que nous n’avons pas le choix!

Je vous laisse apprécier le visage d’Alexis complètement terrorisé…

Il faut dire qu’en live c’était plutôt impressionnant, le courant est très violent et nous avons de l’eau presque jusqu’aux genoux dans les remous. J’ai même failli tomber!

Non seulement nous sommes trempés, mais en plus nos chaussures sont remplies de sable et de petits cailloux, hyper agréable!

Après une trentaine de minutes, le terrain est plus sec et nous ne traversons plus que rarement des petits ruisseaux ‘inoffensifs’.

Habituellement, le sentier n’est pas si humide, il s’agit bien des conséquences du typhon. De plus, le guide doit improviser dans la mesure où la physionomie du terrain doit être différente de sa dernière visite en raison des éboulements de falaises boueuses.

Le paysage est splendide: avec les différents tons de gris, le vert semble parfois phosphorescent…

Par moment, le terrain nous rappelle que nous sommes sur un volcan et pas juste sur une montagne boueuse:

Après 1h45, nous atteignons le bas du cratère.

Le panneau indique une dizaine de minutes, mais c’est un peu ambitieux. Il nous faudra un bon quart d’heure, à nouveau les pieds dans l’eau!

Plus que quelques mètres…

Quel spectacle!!!

Le lac a donc fait son apparition suite à l’éruption de 1991.

Au départ, il y avait juste un trou béant et fumant – photo prise quelques semaines après l’explosion:

Puis la cavité s’est remplie petit à petit avec l’eau de pluie. Au début, il y avait même une petite ile au centre mais elle a vite été recouverte par l’eau.

Le lac était très acide (pH 2) et plus chaud qu’aujourd’hui, 40 degrés à l’époque.

Au fil des mois et des années, le niveau de l’eau a monté – 1 mètre par mois – et atteint un niveau dangereux compte tenu des bords meubles et friables.

En 2001, le gouvernement a décidé de drainer une partie des eaux du lac. Pendant l’opération, pas moins de 90 000 personnes ont été évacuées. Le risque d’inondations accidentelles était en effet très important.

Une entaille a été faite sur le bord du cratère et 1/4 des eaux ont été vidées. C’est très probablement le ruisseau que nous avons suivi lors de notre promenade, car c’est le seul côté du cratère qui soit ouvert.

La vidange s’effectue donc en permanence.

Inévitables ricochets…

Nous profitons du lac pour vider et nettoyer nos chaussures en prévision de la descente!

Il est possible de faire un tour en barque mais le tarif est assez exorbitant…

Ce qui est gratuit par contre, c’est la baignade, et les enfants comptaient bien dessus

L’eau est un peu acide, pH 5, plutôt chaude, 26 degrés… et prisée des asiatiques, comme les onsens japonaises, en raison de leurs vertus ‘médicales’ – mais pour ce lac, je ne les connais pas!

Alexis n’en perd pas une et joue les stars auprès de ses groupies coréennes!

Malgré la beauté de l’endroit, il faut bien se décider à partir…

Les toilettes du site ne manquent pas de charme non plus!

Re-passage par le petit ruisseau, re-mouillage de pieds, re-paysages lunaires…

… et encore plein de photos car le soleil est sorti de derrière les nuages

Malgré notre bon rythme, nous mettons autant de temps qu’à l’aller, 2heures, sans doute parce que nous avons fait des pauses photos…

Ci-dessous à droite, on voit clairement qu’un pan entier de colline s’est effondré, sans doute la veille sous la pluie.

On approche des voitures, c’est donc le moment de retraverser les torrents, histoire d’être à nouveau trempés!!!

Et voici les jeeps

Retour aussi chaotique que l’aller

Les vaches sont imperturbables, c’est un spectacle quotidien pour elles!

Nous croisons les indigènes qui habitent la région du Pinatubo, les Aetas. On les reconnait à leur peau très foncée et à leurs cheveux crépus, physionomie très différentes des autres philippins.

Pour Alexis, les trépidations du 4×4 sont fatales

A l’arrivée, un repas copieux nous attend…

Une super expédition qui permet de terminer les vacances en beauté. J’avais découvert le Pinatubo – tel qu’il est aujourd’hui – et sa splendeur par hasard, dans la dernière saison de Pékin Express, et je n’ai pas été déçue sur place!

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de lire l’article de Wikipedia, très complet. Pour ma part, les images des paysages tout blancs sont encore gravées dans ma mémoire…

Voilà qui termine le carnet de nos vacances à Luzon, aux Philippines. Une bonne chose, à 2 jours de repartir, pour Xiamen cette fois.

Mais il me restera encore la Thaïlande et Tokyo à raconter