Le cas Depardieu?

      Nous voilà donc individuellement sommés de nous prononcer sur le "cas Depardieu". Acteur d'envergure, physiquement et artistiquement, qui choisit de quitter le territoire français pour un exil fiscal assumé au point de "rendre publiquement son passeport" par le biais d'une lettre publiée ce jour au Journal du dimanche.
      Je crois que je m'en fous en fait, de Gérard Depardieu et de ses états d'âme fiscaux. Mais ce dont je ne me fous pas, c'est de la confusion que certains font d'ors et déjà entre la compréhensible sympathie que l'on peut avoir pour le personnage et le sens de sa conduite.
 Quelles que soient nos opinions politiques individuelles, on a pu être charmé, ému ou impressionné par cet artiste, et les réactions traduisent par leur violence le sentiment de trahison que certains ressentent de la part de celui qui a récemment incarné Obélix ou participé gracieusement au film de l'équipe de Groland. C'est dommageable car cela altère le sujet réel de cette polémique.
      Il a déclaré dans cette lettre avoir payé 85 % d'impôts l'année passée et avoir donné 145 millions d'euros en 45 ans. En admettant qu'il dise vrai, et en étendant ce taux de 85 %à ces 45 années (ce qui est probablement beaucoup plus que ce qu'il a payé), il lui reste donc 15% . Faisons un rapide calcul. 145 000 000 divisé par 45 années= 3 222 222€ qui correspondent à 85%. Ramené à 100%, on obtient 3 790 849€ X 15% et on obtient 568 6627€ par an (soit par exemple 19 fois ce que j'ai déclaré lors de ma meilleure année en terme de revenu et sur lesquels j'ai d'ailleurs payé des impôts). Notons également que son travail et c'est mon cas aussi, est par nature beaucoup plus gratifiant que celui d'un commercial, ou d'un ouvrier , puisque nous exerçons dans l'artistique et passons un bonne partie de notre activité à être écoutés, appréciés, mis en valeur ou complimentés.
      Est-ce suffisant? J'imagine qu'il a bon appétit et des goûts de luxe mais j'ai beau y penser je ne vois pas ce qui peut justifier de gagner autant dans un monde ou des gens meurent de faim par milliers à quelques heures d'avion.
     Il est un exemple de ces humains pervertis qui prennent comme un dû l'extraordinaire anormalité de leur revenu. A nous tous de travailler à remplacer dans les têtes la logique du toujours plus qui nous tuera tous par la sobriété heureuse. Le bonheur vaut plus que ces millions.