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Rachida Khalil, le rire comme rempart à la bêtise...

Publié le 01 février 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

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Au fil de ce "seule en scène" qui n'en est pas un, mêlant saynètes à un, deux ou trois interprètes et séquences chorégraphiées, Rachida Khalil nous donne à voir une galerie de personnages issus de la communauté arabo-musulmane qu'elle connaît bien (pour cause...), mais évite intelligemment un communautarisme réducteur, s'adressant  à tous les publics,  dénonçant avec un humour pour le moins épicé et beaucoup de subtilité, racisme primaire, intégrisme et préjugés de tous ordres. Entourée de quatre danseuses, deux partenaires masculins (Djanis Bouzyani et Abderhaim Khalil), elle part en croisade sans jamais donner de leçon contre la bêtise universelle. Ça fait du bien.

Le rideau s'ouvre sur un tableau de demoiselles en bikinis militaires d'où surgira une tunisienne voilée, nostalgique de l'avant Printemps Arabe, période au cours de laquelle les femmes se promenaient "en semi-liberté" et les touristes affluaient pour bronzer ou se faire refaire la poitrine à bon prix... Viendront ensuite, entre deux chorégraphies volontiers subversives, une jeune des cités, maman en galère, croisant un ex camarade de classe BCBG, trader fraîchement licencié (savoureux choc des cultures); une superbe plante milliardaire, devenue veuve trois jours après avoir épousé un vieillard soigneusement choisi ("juste eu le temps de faire les papiers, et hop !"); un gay et un transexuel en partance pour la Gay Pride, ou encore un vieux couple d'immigrés plus raciste que nos bon vieux racistes français. En fin de spectacle l'actrice s'amuse à imaginer un monde "à l'envers" où l'Afrique aurait colonisé l'occident. Edifiant retournement de situation.

Si l'on ne rit pas toujours à gorge déployée, si quelques petites faiblesses de texte ou de jeu viennent parfois atténuer l'efficacité d'un spectacle plein d'idées, d'humanité, la malice et la pertinence du propos procurent au public un sourire qui ne s'estompe qu'à la sortie du Petit Montparnasse.

Avec "La Croisade s'amuse", quatre ans après "L'Odysée de ta race", dix ans après "La vie rêvée de Fatna", Rachida Khalil poursuit joliment son hymne à la tolérance, au vivre ensemble et à la liberté.

Allez-y.


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