Bon, si vous lisez d’autres blogs, il se pourrait que vous ayez entendu parler du tollé provoqué par les propos de Delphine Apiou, rédactrice en chef de Biba, qui était interrogée sur la chaîne Cherie 25 sur la fashion week.
Vous me connaissez, j’aime bien savoir de quoi je parle et j’aime me renseigner précisément sur les sujets. Mais, là malheureusement, la vidéo a été supprimée. J’aurais préféré la voir, mais bon tant pis. J’ai tout de même trouvé sur des sites (merci à Stéphanie Zwicky, Madmoizelle.com et Ma grande taille) des extraits de cette entrevue qui (je l’espère) sont fidèles à ce qui s’est dit au cours de cette entrevue :
“La mode va mieux aux minces qu’aux grosses”/” C’est très difficile à habiller les grosses”/” Il ne faut pas se voiler la face en disant que l’on veut voir des grosses bien dans leurs corps ça n’existe pas”, ” Les grosses c’est comme les gens qui fument elles veulent forcément mincir”/” On est 4 minces autour de cette table et on prend toutes soin de notre corps”/” Quand on est rond on n’est pas bien dans sa peau »/” On veut bien voir des grosses mais on ne veut surtout pas être grosse”/” Les rondes ne peuvent pas bien s’habiller”.
Depuis le début de cette polémique, elle s’est excusée et a argué qu’elle avait eu des propos maladroits, mais que son idée n’était pas de stigmatiser des personnes, mais plutôt d’attirer l’attention sur les problèmes que l’on pouvait avoir en tant que grosse.
Bon, je vais être honnête, malgré les excuses je trouve que ce qui ressort des propos c’est une forme de mépris. Cette journaliste a bien sûr le droit d’avoir son opinion, de trouver la « condition » des grosses, difficile, mais enfin quand on a envie de faire part de l’injustice d’une situation vis à vis d’une personne, je pense qu’il y a des moyens plus bienveillants que de leur jeter l’opprobre dessus. Pas besoin de vous faire un dessin, ces propos me hérissent et me donnent envie de gueuler que ça suffit les coups de grisou sur les grosses.
Et puis cette histoire m’a renvoyée à une réflexion que j’ai eu, il n’y a pas longtemps devant un programme télé. Avec mon chéri, on regardait une émission sur des entrepreneurs français. A un moment, cela parlait d’une entreprise familiale. Des jeunes femmes ont lancé leur marque, cela marche très bien. Elles font tout elles-mêmes, elles sélectionnent, customisent les articles, font les mannequins pour chaque fripe. Je suis ensuite allée sur leur site et à un moment, je dis très remontée à mon chéri : non, mais franchement, pourquoi est ce que l’on voit toujours des filles minces pour mettre en valeur des vêtements, c’est toujours comme ça!!!!! Elle est où la diversité bordel !!!
Après coup, ça m’a travaillée sérieusement. j’ai retourné l’idée dans tous les sens. Je me disais : pourquoi, pourquoi, pourquoi.
Bah je n’ai pas trouvé de réponses. Enfin, si, quelques unes, l’envie d’opprimer les femmes, faire « rêver » l’individu vers un objectif de corps inatteignable pour bon nombre d’entre nous, nous faire consommer jusqu’à plus soif pour nous faire penser que cette robe, ces chaussures, ce maquillage nous fera atteindre notre « vrai nous » enfin ce « vrai nous totalement idéalisé et soi disant parfait ».
Malgré cela, je ne veux plus comprendre. C’est tout. Ma raison, mon cerveau, mon objectivité là dessus, s’arrêtent. Stop, je ne veux plus d’explications rationnelles, je veux que toutes les femmes se sentent représentées. Parce que oui ce n’est pas juste un souci de gabarit, mais juste une question de diversité. J’en peux plus de cette uniformisation à outrance. J’ai envie que ça change. Je veux que ça bouge et que l’on fasse enfin honneur aux différentes personnes que nous sommes.
Je sais déjà que cela passera par moi, par mon rapport avec mon corps, avec ma beauté, avec mes complexes. Je me sens mieux dans ma peau de femme ronde, grosse, forte enfin bref de femme qui fait une grande taille. Il m’arrive encore d’être complexée, de me regarder devant la glace en faisant la moue ou même de pleurer, mais dans le fond je le sais que je ne suis pas qu’un gabarit, que rien ne m’empêche de me saper comme je veux, de faire du sport, de bouger, de bloguer, de sauter partout, d’être séduisante. Rien ne m’en empêche.
Sauf moi. Moi, ma meilleure ennemie.
D’un autre côté, j’ai envie d’en faire plus pour les autres femmes sur ce rapport au corps, à soi. Je le fais déjà à travers ce blog, dans mes conversations, dans mes positionnements, dans mes réflexions. J’ai envie de soutenir, de galvaniser, d’encourager les autres (et moi aussi hein, il faut que je continue). Alors tant que l’on n’aura pas résolu tout ça, je continuerais à gueuler. Et puis c’est tout.
Je réfléchis à la manière dont je pourrais faire avancer les choses très concrètement. Quelques pistes, mais rien d’encore très abouti. Mais ça viendra. Ça viendra.