Le matin j’allume la radio, et les infos inondent ma maison de ruisseaux de sang, de torrents de violence, de rivières d’immondices. Je lutte, je lis les journaux pour digérer, assimiler, comprendre, mettre mes mots sur les maux du monde.
Ici, des sans-papiers qui se dissimulent, la peur au ventre à chaque contrôle de police, assurance d’une reconduction à la frontière ; et des associations de braves gens qui se mobilisent qui trouvent je ne sais où le courage qui me fait défaut.
Là-bas des soldats mandatés par mon pays pour aller faire la guerre hors de nos frontières, pourquoi là-bas, et pourquoi pas ailleurs, ailleurs où depuis fort longtemps dimanche n’est plus jour de mariage, où les droits de l’homme sont bafoués au quotidien, où être née femme est un outrage, où la vie vaut moins que les richesses souterraines. Et surtout ne parlez pas d’ingérence, de souveraineté d’état, ce serait perçu comme politiquement incorrect.
Et puis il y a le comédien, la star française qui soudain a fait ses bagages, s’en est allé se réfugier chez nos voisins, que certains traînent dans la fange, alors que d’autres pardonnent, mais tous jugent, chacun trouve quelque chose à en dire, comme s’il nous appartenait, si simple objet de notre patrimoine, il ne devait rien à son talent, tout à notre reconnaissance. Il est passé par ici, il est passé par Poutine, et l’on en oublie Montagnier, et la fuite des cerveaux, ceux qui nous ont quitté pas assez bien payés. On choisit nos personnalités préférées parmi nos expatriés, hisse Marc Lévy en tête de gondole, adule Laetitia Casta, Johnny Halliday …
Moi qui suis pour la libre circulation, fait partie des nantis dont le salaire ne dépasse guère le SMIC, des privilégiés écrasés par les impôts locaux, permettez que j’envisage à mon tour de m’exiler, et être moins écrasée, à Aix-en-Provence, enfin, si Joissains le permet …
Car, que vous soyez puissant ou misérable, ou armés jusqu’aux dents, je ne vous raconterai pas la suite, vous la lirez dans vos journaux …
Classé dans:humeur