Vais pas raconter ma vie en détail, vous avez un lien Facebook pour cela à droite de l'écran (l'image avec un vampire). Si si ça marche, d'ailleurs la dernière fois que j'ai essayé je suis tombé sur 404 not f.... euh bon, venez en au sujet du jour je vous prie!
Batman ; Superman ; Spider-Man ; et autres mythomanes, ou comment on réalise des films pour corriger les erreurs des précédents.
On va commencer par Batman, le plus emblématique pour ce qui nous occupe.
Tout le monde est d'accord, Nolan a, en deux et bientôt trois films, dépoussiéré en profondeur les recoins du manoir Wayne pour nous offrir une vision d'un noir brillant. Pour trouver une version faisant jeu égal avec la sienne, il faut remonter à Tim Burton. Et c'est justement là que le bât blesse.
Burton avait ouvert les hostilités avec un affrontement Batman - Joker à la fois sombre et kitsch, faisant la part belle à la chauve-souris mais se contentant d'effleurer Bruce Wayne (surtout avec le jeu de Michael Keaton, à peine plus expressif qu'une pierre tombale). Nicholson avait apporté au Joker sa folie, et son côté imprévisible et menaçant.
Puis Tim a poussé plus loin son exploration du mythe pour en offrir une lecture plus personnelle et introvertie, avec l'arrivée du Pingouin et de Catwoman, miroirs inversés d'un Wayne/Batman en proie au doute. Jugé choquant à sa sortie (trop noir, trop immoral, trop triste, trop violent, trop... vrai en quelque sorte), c'est pourtant l'épisode qui, au fil du temps, a le mieux résisté.
Bref, tout allait pour le mieux et puis.... VLAN !!! Arrivé là, j'ai une question à poser: Qui est le sombre connard qui a confié les rênes des deux suivants à Schumacher???
Après les deux chefs d'oeuvre, les deux navets !! Poussant à fond la carte du kitsch tendance fluo, Double-Face et Enigma débarquent dans un monde où le noir ne sert qu'à y étaler des cascades de couleurs criardes dans une pseudo-décadence catchy et sans le moindre second degré.
Buce Wayne n'y apparaît que peu, interprété par un Val Kilmer perpétuellement en quête d'inspiration et de souffle (on était légitimement en droit d'attendre mieux de l'interprète de Simon Templar et de Jim Morrison). Cédant l'écran à ses deux adversaires, il leur permet de rivaliser de pirouettes, de grimaces et de cabrioles ridicules et déplacées, le tout sombrant dans la caricature la plus outrancière lors de l'affrontement final.
"J'ai tué Batman". Cette affirmation, laconique, vient de George Clooney, interviewé lors de la sortie de Batman et Robin, quatrième épisode de la franchise et deuxième réalisation de Schumacher.
Elle pourrait, à elle seule, résumer la critique de cette sombre merde, de ce navet inqualifiable, de cette plongée dans les eaux sombres du ratage en rêgle.
Schwartzenegger et Uma Thurman en fond des tonnes chacun dans leur registre, transformant un thème profond et sombre en pochade phosphorescentes, à l'image de ces stickers brillant dans la nuit.
Et, comme si deux méchants ne suffisaient pas, nous avons en plus droit à un Bane ressemblant à un haltérophile hydrocéphale et analphabète, expédié en deux coups de poing.
George Clooney, flanqué pour l'occasion d'un Robin en pleine crise d'ado à bientôt 35 ans et d'une Batgirl jouant les collégiennes de Neuilly en pleine rébellion, accumule les poses et les moues boudeuses pour une de magazine féminin bas de gamme, joue avec des accessoires à peine mieux que des jouets pour enfant Somalien pauvre, le tout engoncé dans un costume le faisant resembler à une porn star futuriste, avec le slip et les pectoraux rembourrés.
Bref... merci Schumacher.
Puis le sauveur est arrivé: Christopher Nolan. Adepte des histoires à tiroirs, compliquées, sombres et sanglantes (Memento), il semblait tout indiqué. Le choix de Christian Bale pour interpréter le rôle titre pouvait sembler judicieux si l'on pensait à Bruce Wayne, mais hasardeux pour Batman, tant l'acteur n'avait pas fait montre de capacités physiques lors de ses précédents films (hormis des prises et pertes de poids spectaculaires entre les tournages pour le besoin des rôles choisis).
Remontant aux origines du mythe, il comble les lacunes des premiers épisodes en se centrant quasi-exclusivement sur Bruce Wayne, et confirme, dans un premier temps, les craintes exprimées plus haut.
Jamais un acteur n'avait si bien interprété Wayne. Et, paradoxalement, jamais Batman n'était autant apparu à l'écran. En fondant les deux personnages en un seul, en inscrivant profondément Batman en Wayne, Nolan crée une autre entité, une sorte de Bruce Batman sombre et torturé.
En multipliant les flash-back, il nous ouvre les portes d'une histoire, d'un personnage, pour mieux nous le rendre accessible, pour mieux nous faire comprendre sa détermination et sa rage, et la naissance du chevalier noir. En conduisant des scènes d'action dantesques et spectaculaires, mais aussi en nous présentant des moments presque intimes et fragiles, il colle parfaitement à l'idée du comic d'origine.
L'épouvantail, peut-être un des plus inadaptables de la galerie de vilains du comic, s'en sort brillamment avec quelques références Burtoniennes (cf Sleepy Hollow et son cavalier sans tête), le tout brillamment aidé par la performance de Cillian Murphy en directeur d'asile dont la folie sourd d'un masque de perpétuel étudiant modèle.
Une ouverture en forme d'amuse-gueule pour le plat de résistance arrivé ensuite: The Dark Knight.
Relecture du duel Batman-Joker, il dépoussière le tout premier film tout en adhérant mieux à ses contours.
Christian Bale s'est habitué aux deux personnages et fais des prouesses tant avec l'un qu'avec l'autre. Mais il est dépassé par le génie d'Heath Ledger. Transformant la créature kitsch de Nicholson en dément sadique, cruel et impitoyable, nanti d'un sourire à la Hugo et d'un maquillage dégoulinant, il éblouit à chaque passage devant la caméra, volant la vedette à un Christian Bale pourtant excellent.
Double-Face est paré d'un maquillage trois étoiles, offrant pour la première fois de la franchise quelques moments gore. Tout de colère et de violence, il est un animal traqué, aux abois, et pourtant férocement humain. Sans doute le plus humain de la galerie de méchants de la franchise.
Les personnages secondaires ne le sont jamais: Alfred n'a jamais été aussi charismatique, tout comme Jim Gordon (comme quoi, même calme, Gary Oldman reste impressionnant).
Long (2h27) mais jamais ennuyeux, retors mais jamais incompréhensible, cet opus a inscrit la légende du Chevalier Noir dans l'histoire du cinéma, gageons que le dernier à venir la termine de la plus belle façon qui soit.