La testostérone peut régénérer les cellules responsables de la myélinisation et pourrait contribuer à traiter la sclérose en plaques (SEP). Cette recherche d'une équipe du CNRS (Université de Strasbourg) montre, sur des souris « démyélinisées » la régénération des cellules oligodendrocytes et la remyélinisation des fibres nerveuses. Ces travaux, publiés dans l'édition de janvier de la revue Brain, identifient les androgènes comme un nouveau traitement possible ou un biomarqueur pour mieux suivre l'évolution de la maladie.
La SEP touche environ 2,5 millions de personnes dans le monde et 80.000 personnes environ en France. C'est la première cause de handicap non traumatique chez l'adulte jeune. La maladie se caractérise par une réaction inflammatoire développée contre la myéline du SNC (système nerveux central) qui protège les fibres nerveuses, et détériore ainsi la qualité des influx nerveux. Dans la plupart des cas, cette maladie évolue par poussées avec apparition de un ou plusieurs signes neurologiques.
Pouvoir régénérer la myéline est un objectif thérapeutique majeur dans les maladies démyélinisantes, et l'absence de thérapie rapide de remyélinisation a de graves conséquences pour la santé des axones et la fonction cérébrale, précisent les auteurs. il n'existe pas de traitement efficace pour stimuler la réparation de la myéline et les thérapies actuelles sont limitées à des anti-inflammatoires. Les hommes sont moins susceptibles de développer la SEP et sont souvent atteints d'une forme plus grave et plus invalidante à un âge plus précoce que les femmes. Ces observations ont déjà suggéré le rôle des androgènes.
La testostérone pour stimuler la remyélinisation:
Après avoir « démyélinisé » les fibres nerveuses dans le cerveau des souris, puis les avoir traitées à la testostérone (ou avec une molécule analogue de synthèse) durant 6 à 9 semaines, les chercheurs constatent que leurs fibres nerveuses se remyélinisent et les symptômes s'atténuent. Les androgènes favorisent la transformation des cellules souches neurales en oligodendrocytes et donc la synthèse de la myéline par les oligodendrocytes. En revanche, lorsque l'expérience est renouvelée sur des souris transgéniques privées de récepteur des androgènes fonctionnel, la testostérone ne peut pas stimuler la remyélinisation des fibres nerveuses.
L'étude ouvre 3 pistes prometteuses, celle du récepteur des androgènes comme cible thérapeutique, celle de l'utilisation des androgènes pour régénérer la myéline et enfin les taux sanguins de testostérone comme biomarqueurs de suivi de progression de la maladie.
Sources: Communiqué CNRS et Brain Janvier 2013 doi: 10.1093/brain/aws284 The neural androgen receptor: a therapeutic target for myelin repair in chronic demyelination (Visuel© Laboratoire d'imagerie et de neurosciences cognitives (CNRS/Université de Strasbourg) « Myéline et les cellules myélinisantes (oligodendrocytes) fluorescentes dans un cerveau de souris témoin », vignette « Myéline-en vert », NIH).