Après de longs mois de travaux, beaucoup de patience, de coup de marteaux, de coups de perceuses et de coups de pinceaux, les ouvriers sont enfin passés aux coups de balais. Ouvert depuis peu, situé dans un cadre unique, sis au 86, rue Réaumur, Le restaurant BELMONT affiche fièrement son nom en lettres lumineuses.Tout le monde a mis la main à la pâte pour que les dernières installations et les premières préparations en vue du grand jour soit opérantes.Voici l’histoire d’un homme et d’un restaurant atypique dont la subtilité de la cuisine convole en juste noce avec l’exotisme des voyages et des pays lointains.
Très attendu, à Paris, l’inauguration du restaurant Le Belmont a eu lieu hier soir devant un parterre de gens sélects et célèbres venus féliciter Alfred Bernardin, son fondateur.
Passionné depuis toujours par la restauration, le jeune Alfred débute sa carrière à l’âge de 15 ans. Pascal, son père, promoteur en musique joue de ses relations et lui dégote une place sur le bateau-restaurant Quai Ouest, histoire de l’éprouver dans sa vocation naissante.Commis, runner, plongeur… il y travaille tous les étés, sans rechigner à la tâche, prouvant ainsi à Papa que son choix n’est pas vain !Un tantinet cabochard, obstiné, il entame des études à l’Ecole Hôtelière Glion en Suisse, établissement classé parmi les trois meilleures écoles hôtelières au monde. Il y étudie les rudiments du métier… en dilettante, m’avoue-t’il en riant.Le souvenir de son séjour chez les helvètes reste toutefois impérissable.
Sensible à la gastronomie, il enchaîne les stages dans des lieux prestigieux. Les murs duCrillonet duMéridien Piccadillyà Londres se souviennent encore de lui.La cloche ayant sonné la fin de son cursus estudiantin, le jeune homme franchit les portes du Park Hyatt à Paris… qui ne saisit pas vraiment les ambitions du jeune homme.Tant pis ? Non, tant mieux !C’est finalement chez Francis, situé au cœur du Triangle d’or que le jeune homme travaillera durant 6 mois à déboguer ce qu’il a acquis, en prévision de l’ouverture du restaurant Berkeley avenue Matignon, dont l’inauguration fut exécuter par ses soins avec l’aide du groupe Richard.
Alfred Bernardin
Mais Alfred à la bougeotte… New York n’est finalement pas très loin.Il quitte la France et part travailler outre-Atlantique aux côtés d’un homme qui deviendra son mentor, Jean Denoyer. Durant deux ans, c’est dans l’atmosphère lambrissé d’acajou du restaurant Orsay, sur Lexington Avenue, qu’Alfred s’efforcera d’être à la hauteur de ses prétentions.L’Amérique est intraitable pour les jeunes arrivants, notamment pour les jeunes français.Il doit recommencer tout à zéro. Serveur puis directeur en passant par maître d’hôtel, il acquièrera les composantes d’une excellente relation-clientèle.Le climat frisquet de New-York fait naître en lui des désirs californiens.La ville des Anges l’attire… et le groupe hôtelier de luxe André Balazs le nomme Directeur F&B dans son fabuleux The Standard dont il devient l’un des piliers. A peine âgé de 23 ans, le jeune homme essuie avec pugnacité, l’incroyable soirée inauguratrice du film Fast & Furious de Rob Cohen, en présence de Vin Diesel.Son indéfectible sens de la gagne le pousse à réussir.
Durant un an et ½, bonant malant, il embrasse des journées harassantes de travail jusqu’au jour où les dirigeants du groupe acquièrent la direction d’un hôtel à Saint Barth, le Sereno Beach. Seul français, il y est envoyé. Mais après une période de bons et loyaux services, il y est sournoisement remercié.
Alfred n’est pas homme à se laisser impressionner et retourne à New York, où il s’octroie une pause, préparant un voyage autour du monde… qui n’aboutira jamais.Le monde de la restauration, de son regard bienveillant le rattrape au vol.Entre la 158ème et la 5ème avenue, quelques uns de ses amis proches ouvrent un Lounge doté d’un Club privé, sur lequel Alfred veillera… jusqu’à des heures tardives.Durant 6 mois, le tout New York trendy se bousculera pour entrer dans l'endroit huppé.
Des travaux d’envergure sont engagés, il reconsidère partiellement l’intérieur du lieu. Il change les équipes et les modèlent à son goût… Le Renoma Café Gallery renaît de ses cendres et devient "son cheval de course" en véritable lieu de vie où se mêle galerie d’art, boutique, librairie, mode et surtout gastronomie.Après quelques désagréments de divers ordres liés à cette noble et omniprésente inquiétude qui sied aux grands hommes, Alfred se questionne, s’informe de l’air du temps et observe, avec une envie insatiable de créer.En juillet 2011, Alfred entend parler d’un endroit mis en vente, sis 86, rue Réaumur à Paris, un ancien show-room de prêt-à-porter… le lieu, la grandeur, la hauteur du plafond le fascine. L’occasion est trop belle, il signe en décembre de la même année et débute des travaux en février 2012.Une somptueuse mezzanine sera construite de toute pièce, avec l’aide de l’architecte Daniel Ferguen.
Aujourd’hui, au Belmont, Alfred Bernardin souhaite offrir à ses clients, un concentré de lieux, de restaurants découverts durant ses quelques années passées à l’étranger. Il convoite l’idée de fournir l’essence même d’un restaurant hors norme, non-conventionnel où les styles et les matériaux utilisés se mélangent de façon surprenante et réussie.
Le Belmont, nom allusif à plusieurs titres, notamment de celui d’une petite ville perchée dans le Jura, offre une cuisine originaire de pays d’ailleurs.Pour le déjeuner, la carte du Belmont suggère un menu autour de deux entrées, deux plats et deux desserts à choisir parmi les plats du jour, mais aussi une sélection de 5 assiettes de tapas.Au regard de la qualité des produits, dépenser €17 pour un menu semble loin d’être insurmontable!
Entre 15h30 et 18h, club sandwich, sandwich au pastrami, bagel au saumon fumé / cream cheese, complément de tapas, salades et autres plats de pates proposées au déjeuner dévoileront leurs plus beaux atours.
Au delà de 18h, les tapas s’invitent pour la plus belle des farandoles.Saint-Jacques au chorizo magnifiquement cuisinés, pizzettas dont la fine pate dévergonderait le plus austère des gourmets, Guacamole maison sur chips de manioc et Ceviche de daurade "Leche de tigre" mais aussi Tiraditto de lotte "Toque Francès" avec son filet d’huile de truffe, mélangeant tradition française et péruvienne, suivent des gambas en fourrures de Quinoa sublissimes, accompagnées de leur sauce au safran.
Le samedi et le dimanche, de 11h à 16h Belmont propose son American Brunch composé d’un assortiment varié de jus pressés, de viennoiseries, de céréales, de salades, charcuteries et fromages… mais aussi et surtout de plats made in US : salade californienne, Ham and Cheese sandwich, Huevos rancheros entre autres…
Belmont, c’est l’histoire d’un homme passionné de restauration que la restauration ne pourra jamais décevoir.Authenticité, simplicité et excentricité sont les maître-mots d’un lieu atypique au service irréprochable, à qui l’existence sourit.
Incontournable.
Fabrice Gil Le Belmont86, rue Réaumur75002 Parist/ +33 1 40 41 90 90www.belmont-restaurant.fr