Votre bonheur dépend-il du hasard ?
Bonne nouvelle : vous venez de gagner 29 millions d’euros au loto.
Ça joue petit…
Une somme de 30 millions aurait eu « plus de gueule » mais bon…
Vous allez changer de vie.
Et nager dans le bonheur.
Avenir radieux en perspective.
La tête pleine de projets, vous commencez par faire le bien autour de vous :
X euros à Sylvain pour ses études; X euros à Mylène pour acheter un appartement, et ainsi de suite,.
Vous dressez une liste de bénéficiaires longue comme un jour sans pain.
Et dans cet océan de bonheur, il y a Michel, votre voisin.
Content de sa situation, et de lui-même, Il change de voiture tous les deux ans et tient à vous le faire savoir en les garant systématiquement sous vos fenêtres.
Pour vous montrer son importance.
Or, vous avez gagné au loto, les mouches ont changé d’âne.
Aussi vous autorisez-vous une petite revanche, bien humaine :
1) Pas un kopeck pour Michel !
2) Désormais c’est vous qui garerez votre Aston Martin (ou Kangoo neuve selon vos goûts) sous ses fenêtres.
Instant de bonheur pour vous… de stress et de rancœur pour lui.
Pas très charitable tout ça, mais, c’est un juste retour des choses, pensez-vous.
Et vous n’ambitionnez pas de concurrencer Mère Théresa alors…
Ayant la tête sur les épaules, vous avez vu comment ont terminé de précédents vainqueurs du loto :
Généralement sur la paille et le moral en berne.
Pour éviter les mêmes erreurs, vous vous accordez quelques cadeaux raisonnables et décidez de vivre comme avant.
Sauf que vous n’avez plus aucune difficulté.
Plus aucun problème privé ou professionnel.
Tout devient simple, facile, évident.
Et là vous êtes heureux.
Le pur bonheur, le nirvana, top.
D’ailleurs vous ne changez pas vos habitudes et restez simple.
Comme chaque dimanche vous déjeunez avec vos amis, Manuel et Fortunée.
Enseignant, Manuel est un intellectuel.
Mère au foyer, Fortunée est sans le sou.
Eux aussi jouent au loto.
Quinze ans qu’ils cherchent le bonheur en misant sur le hasard.
Quinze ans qu’ils alimentent les caisses de l’État en rêvant que… un jour… pourquoi pas nous ?
Après tout, se disent-ils, 100 % des gagnants n’ont-ils pas tenté leur chance ?
Ce n’est pas vous qui direz le contraire.
Manuel et Fortunée sentent, imaginent, touchent du doigt votre bonheur.
Ils le vivent, mais par procuration.
Ils rêvent de goûter à ce contentement, ce bien être, cette plénitude qui est la vôtre… puisque vous avez gagné au loto.
Alors ils continuent de jouer.
Chaque semaine ils repoussent leur bonheur à la semaine suivante… quand, enfin, ils auront gagné.
Ils trouvent maintes explications à cette addiction et tiennent l’incontournable discours des apprentis gagnants:
Le loto nous coûte moins cher que si on fumait.
On peut se permettre de perdre un peu etc.
Eh oui, pour eux, le jeu en vaut la chandelle puisqu’au bout il y a le bonheur, l’euphorie d’une vie sans soucis.
Au gré des dates fatidiques, croisement de toutes les croyances et superstitions, type vendredi 13, ils sortent l’artillerie lourde et doublent ou triplent la mise.
Ainsi font Manuel l’intellectuel et la pauvre… Fortunée (sic).
Pour eux, le bonheur a un prix.
C’est pour le tutoyer enfin qu’ils déploient des trésors d’ingéniosité et s’interrogent : quelle combinaison jouer pour devenir riches ?
Créatifs, ils en testent chaque semaine de nouvelles.
Ainsi la semaine dernière mixait le poids de la belle mère, leur code d’immeuble et le numéro du parking.
Ayant fait chou blanc, pour la semaine prochaine, ils envisagent d’introduire une variable décisive : l’âge de leur canari.
De quoi rester serein !
Bien sûr, chaque tirage est une désillusion, le couple échoue dans sa quête (c’est le mot) de richesse et de bonheur.
Mais Manuel se l’est promis : Je l’auuraiiii un jour, un jour… je l’auuraiiiii ce ticket gagnant.
Quinze ans qu’ils courent après ce bien être, ils ne vont pas lâcher maintenant.
Ce dimanche, comme d’habitude, Manuel et Fortunée vous ont apporté le dessert : un gâteau surmonté d’une… grille en sucre.
Difficile d’oublier que vous avez gagné au loto…
Plus que jamais, Manuel et Fortunée veulent gouter au gâteau, symbole d’un gain qui transforme une vie avec ses problèmes et difficultés en un bonheur absolu.
Toujours prompt à engager le débat, Manuel prend la parole.
Et lance un subtil :
Alors… heureux ?
Étrangement, vous ne répondez-pas.
Car dans votre tête vient de surgir une question, LA question :
Votre bonheur dépend-il du hasard ?
Qu’en pensez-vous ?
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