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Hypocrisie et compagnie

Publié le 31 janvier 2013 par Mpbernet

Quelle hypocrisie !

Alors voilà : on découvre quarante-cinq ans après sa légalisation en 1967 que la pilule contraceptive, comme tout médicament, a des effets secondaires … Allons donc !

pilulescontraceptives

Laissez-moi vous apporter un modeste témoignage : je me suis mariée en octobre 1967 et, à 21 ans, nous ne voulions pas avoir un enfant tout de suite. Quelques semaines avant notre mariage, je me suis fait prescrire la pilule …. Une nouveauté extraordinaire en France, forcément de type « première génération ». Je me demande encore comment cela a été possible puisque la loi Neuwirth date de décembre. Mon médecin m’a fait faire des examens et m’a prévenue d’éventuels effets secondaires. Mais j’étais jeune et en pleine santé. Sauf qu’au mois d’avril suivant, j’ai contracté une tuberculose pulmonaire grave. Repos absolu pendant plusieurs semaines et, en juillet : patatras : une phlébite !

On me déclare alors que c’est l’effet combiné de la pilule et du repos allongée. Fin de l’épisode. J’ai donc rayé la pilule des méthodes contraceptives désormais à ma disposition, et pour toute ma vie, et fus ainsi obligée, avant chaque voyage en avion, de porter des bas de contention, et de me faire injecter un anticoagulant chaque fois que ma mobilité devait se réduire, pour éviter toute récidive.

Tout ça pour dire que les effets obturants de l'apport d'oestrogènes sont bien connus depuis le début ...

Aujourd’hui, 80% des femmes de France prennent la pilule. On leur dit qu’il y a des risques dans les premiers mois du traitement, qu’il faudrait arrêter la cigarette, qu’il faut surveiller … Qui s’en soucie ? Les médecins prescrivent à tour de bras pour répondre à la demande de leurs patients leur réclamant tel ou tel médicament. « Docteur, donnez-moi quelque chose pour dormir, pour moins manger, pour maigrir, pour ne pas tomber enceinte ». Rappelez-moi quel est le pourcentage de dermatologues responsables de la prescription de Diane 35 pour traiter l’acné ? Moins de 15% ?

Mais tout le monde le sait, depuis très longtemps, et tout le monde laisse faire. Je rêve !

C’est comme cette malencontreuse circulaire sur l’octroi d’un certificat de nationalité française aux enfants nés à l’étranger d’une mère porteuse. La Droite crie au scandale. Pourtant, ces enfants – que l’on ne saurait qualifier de pauvres étant donné ce que représente un tel investissement pour leurs parents – ils n’ont pas demandé à naître. On leur refusait jusqu’ici une existence légale dans le pays de leur père ? Allons, allons, cet état de fait ne pouvait plus durer ! Là, je suis 100% pour. Que connaît-on des affres des familles où la maman ne peut porter son enfant ?

Que la pratique d’une gestation pour autrui soit strictement encadrée ne me choquerait pas : dans la cadre d’une famille on donne bien un rein, pourquoi pas ne porterait-on pas un enfant pour le compte d’une sœur, d’une belle-sœur ? A la condition qu’à la naissance, la mère porteuse puisse aussi être délivrée de sa promesse et conserver l’enfant et que les conditions de défraiement ne puissent en faire un business. Mais là, je vais en choquer plus d’un, je le sais.

On m’objectera que cette procédure aboutit à autoriser une pratique aujourd’hui illégale en France - quoique permise en Belgique, en Grèce et en Pologne, pour ne pas parler de la Californie - à des couples très fortunés – mais que sait-on des frais, des souffrances et des risques encourus par de futures mamans bombardées d’hormones dans le cadre tout à fait légal d’une FIV  ?

Tout ça n’est qu’hypocrisie et compagnie, mais au moins tout le monde en parle. C’est la vertu du débat public …


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