Exil : Jeunes de France, que vous restiez ou partiez : bon vol

Publié le 31 janvier 2013 par Copeau @Contrepoints

Les Français, surtout jeunes, seront de plus en plus nombreux à choisir l'exil et à quitter la France. Bon vent !

Par Baptiste Créteur.

La France compte déjà plus 2 millions d'expatriés, et ils devraient être 3 millions d'ici 2020 à avoir ainsi choisi l'exil. Les jeunes français ont pour certains entendu l'appel de Libération et partent découvrir un monde si vaste et si différent avant de revenir, mais plus nombreux sont ceux qui ont entendu l'appel de Contrepoints et partent sans se retourner.

Les jeunes nés après les années 80 sont les plus nombreux à vouloir partir, notamment car ils éprouvent des difficultés à trouver un emploi et voient dans l’expatriation un moyen de booster leur curriculum vitae. [...] D'autres, cependant, partent avec une autre idée en tête : s’installer définitivement à l’étranger. Pour eux, le nouvel Eldorado serait ailleurs. Qatar, Émirats Arabe Unis, États-Unis, Chine, Allemagne… autant de pays qui attirent aujourd’hui la jeunesse française. A-t-elle pour autant plus d’avenir à l’étranger ? La France ne s’occupe-t-elle pas assez de ses jeunes ? Les pouvoirs publics devraient-ils, au contraire, chercher à endiguer ces départs afin de capitaliser sur ces futurs talents ?

Les pouvoirs veulent endiguer ces départs, comme les départs des Français en général, en taxant les Français même pour financer des services dont ils ne bénéficient pas, au nom d'un contrat social qui n'est pas tout à fait un contrat puisqu'on n'aurait pas le droit de le refuser. Et même en menaçant les Français de renoncer à leur nationalité, ils ne parviendront pas à endiguer les départs : qu'il devienne difficile de quitter un pays est un bon signe qu'il est urgent de le faire, et l'histoire est truffée d'exemples d'hommes risquant leur vie dans l'espoir de pouvoir enfin vivre.

Le seul moyen d'endiguer ces départs, c'est de rendre la France attractive, ce que l’État ne peut pas faire. Ce que peut faire l’État, c'est cesser de vouloir être omniprésent, arrêter de penser qu'il peut résoudre tous les problèmes du pays pour s'apercevoir ensuite que son action a empiré la situation sans jamais l'admettre. Ce n'est pas la direction que semble prendre le gouvernement, et ses messages à l'attention des entrepreneurs et des jeunes n'y changeront rien.

Pourquoi un tel frémissement ? La première explication est sans doute la crise. Quelques pays attirent naturellement les jeunes diplômés quand la France affiche une morosité économique et renvoie l’image d’une terre peu favorable aux entrepreneurs. "Dans l’imaginaire collectif, un pays comme les États-Unis offre plus de facilités juridiques et administratives que la France", constate Manuelle Malot, directrice carrière et prospective à l’École des hautes études commerciales (Edhec). Les candidats au départ peuvent donc avoir l’impression que l’environnement économique y sera plus adapté à l’entrepreneuriat. Ce qui n’est pas totalement faux, à en croire Thibault Lanxade, président de l’association Positive entreprise : "Les financements d’entreprise, comme le capital-risque, y sont beaucoup plus développés, les investisseurs y trouvant davantage d’intérêts. Non pas que les succès de sociétés nouvellement créées soient plus nombreux, mais celles qui réussissent le font avec plus d’ampleur qu’en France, en raison de l’importance du marché."

L’État ne peut pas faciliter le financement des entreprises : pour les financer directement ou orienter le financement, il utilise des ressources qui pèsent sur l'ensemble des entreprises. Pas plus qu'il ne peut créer ou protéger l'emploi, ni favoriser la croissance, ni mettre en œuvre une juste distribution des revenus : le seul moyen d'y parvenir, c'est de laisser les individus exprimer leurs préférences. C'est ce que font aujourd'hui les Français en exprimant leur préférence pour d'autres pays où les conditions et l'avenir leur semblent, à raison, plus favorables. S'ils veulent éviter que les jeunes Français ne partent, les politiciens devraient changer de paradigme, cesser de se demander pourquoi les Français partent mais se demander pourquoi ils resteraient. Cela suppose notamment de cesser d'analyser le reste du monde en termes de compatibilité avec le dogme socialiste appliqué depuis des décennies en France, mais en termes d'attractivité d'une part et de respect des principes fondamentaux - liberté, propriété privée, sûreté - d'autre part. C'est ce que font ceux qui partent et ceux qui envisagent de partir. En l'absence d'alternative au socialisme et à l'étatisme lors des élections en France, ils choisissent une alternative à la France.

Les Français ne sont pas prêts à travailler et entreprendre sans jouir des fruits de leur travail, dont ils se voient dépossédés pour alimenter une dépense publique qui représente 56% du PIB. Pas plus qu'ils ne sont prêts à vivre dans un environnement où la propriété privée est de moins en moins reconnue comme un principe : la négation de la propriété, c'est le vol. S'ils choisissent de partir aujourd'hui, c'est aussi sans doute parce qu'ils savent que l'avenir est compromis par une dette qui plane au-dessus de leur tête sans que ceux qui les dirigent ne semblent s'en préoccuper outre mesure et dont ils savent bien qu'ils devront, un jour ou l'autre, la rembourser. La France étant incapable de se réformer, il faudra sans doute que l’État en arrive à la situation du Zimbabwe pour envisager de prendre des mesures qui seront devenues inéluctables, si tant est qu'on lui en laisse le temps.

Plus que jamais, le champ des idées ne doit pas être laissé inoccupé ; il ne faut pas laisser le champ libre à ceux qui pensent à distribuer les revenus avant de les gagner, à ceux qui se parent de vertu en étant généreux avec l'argent des autres et en recourant partout où ils en sentent le besoin à la coercition, à ceux qui considèrent que tout ce qui est à vous est à eux.

A ceux qui partent, bon vent ; ne vous demandez pas qui vous laissera faire, mais qui vous en empêchera - tant qu'il en est encore temps. A ceux qui restent, bon vol ; pour ça, vous pouvez compter sur l’État.