Avec le stress, l’alcoolisme est sans doute l’un des maux du siècle. Culture de l’alcool oblige, les alcoolo-dépendants sont plus nombreux qu’on ne le pense et les scientifiques peinent à trouver un moyen de lutter contre ce fléau. Au Chili, des chercheurs pensent avoir trouvé un vaccin contre l’alcoolisme.
Déclencher une gueule de bois dès la première gorgée d’alcool, voilà comment les Chiliens veulent combattre l’alcoolisme. Des essais cliniques sont prévus prochainement pour tester un vaccin qui devrait aider les personnes alcoolo-dépendantes à combattre leur addiction en déclenchant plus rapidement les symptômes de la gueule de bois. S’il existe déjà un médicament similaire sur le marché, le Disulfiram, ce nouveau traitement serait beaucoup plus simple à suivre. En effet, contrairement au Disulfiram qui nécessite une prise quotidienne, le vaccin chilien ne nécessiterait qu’une seule injection pour une efficacité d’un an. Pour élaborer ce vaccin, les chercheurs se sont inspirés d’un gène présent dans 20% de la population asiatique. Ce gène empêche le foie de digérer correctement l’alcool. Isolé et incorporé à un virus inoffensif, il peut alors voyager dans l’organisme.
Bloquer les enzymes du foie
Alors, bientôt, pourront-nous nous vacciner contre l’alcoolisme comme on se vaccine contre la grippe ? Ce vaccin rendrait les personnes
alcoolo-dépendantes intolérantes à tout spiritueux. Selon le journal local
La Tercera, une vingtaine de Chiliens, plus ou moins dépendants à l’alcool, vont tester l’efficacité du produit dès novembre prochain. Le but : vérifier si le vaccin parvient à
bloquer les actions des enzymes du foie, qui permettent normalement d’éliminer l’alcool. Incapable d’agir, les protéines ne pourraient pas empêcher l’alcool de s’accumuler dans le corps, provoquant transpiration, palpitations, vertiges, maux de tête et nausées. Seules les cellules du foie seraient visées afin d’éviter d’affecter les autres cellules. D’après les tests pré-cliniques, le vaccin a été plutôt concluants puisque
50% des rats testés étaient devenus intolérants à l’alcool. Reste à tester son efficacité sur l’homme. «
Avec ce vaccin, l’envie de boire sera très faible à cause des réactions qu’il va engendrer » a expliqué le
docteur Juan Asenjo, l’un des chercheurs à l’origine du projet, à la radio chilienne
Cooperativa.
Mais même si ce vaccin fonctionnait sur l’homme, il ne serait certainement
pas un remède miracle. Les médecins et scientifiques s’accordent à dire que
l’alcoolo-dépendance est une pathologie sociale comme chimique (voir
notre dossier sur le sujet). «
Les personnes qui deviennent alcooliques ont un problème social, donc ce n’est pas si simple. Mais si on peut résoudre la partie chimique du problème, je pense que cela pourra aider » continue le Dr Juan Asenjo. Ce traitement serait en tout cas le bienvenu au Chili, puisque selon
La Tercera 18% des habitants boivent de manière excessive. Grâce à ce vaccin, les chercheurs espèrent réduire la consommation d’alcool de 90% à 95 %.
En France,
5 millions de personnes sont alcoolo-dépendantes. L’alcool est la
deuxième cause de mortalité prématurée en France, causant de façon directe ou indirecte 14 % des décès masculins et 3 % des décès féminins. Au début des années 2000, environ 37 000 décès étaient attribuables à l’alcool ; 30 000 en 2007.
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