Les médiasévoquent ces derniers jours les accidents survenus lors de l’emploi à des fins contraceptives de la pilule Diane 35, destinée à combattre l’acné. Cette affaire me conduit à poser quelques questions, inspirées peut-être par ma méconnaissance des procédures en vigueur en pharmacie, mais qui me semblent relever du simple bon sens.
1) - Comment a-t-on constaté l’effet contraceptif de cette pilule ?
2) - Quelle autorité médicale a reconnu la réalité de cet effet ?
3) - Même s’il s’agit d’un domaine difficile à mesurer, une grossesse non désirée pouvant aussi bien résulter d’un oubli de la prise de pilule que d’une défaillance du produit, y a-t-il eu des enquêtes pour évaluer son efficacité ?
4) - Comment la connaissance de cette capacité contraceptive s’est-elle répandue dans le corps médical : bouche à oreille entre femmes ou entre praticiens, revue médicale, publication par un laboratoire ?
Ce qui me semble le plus étonnant dans cette affaire, c’est que l’on tente d’imputer ces accidents à un détournement de l’utilisation de ce médicament, développé pour combattre l’acné et prescrit comme contraceptif. L’effet d’un médicament ne me paraît en rien dépendre de l’intention avec laquelle on l’administre. Je discerne plusieurs explications possibles à l’apparente innocuité de la pilule considérée comme anti-acnéique.
1) J’ignore quelle est la durée moyenne d’un traitement destiné à débarrasser une jeune femme de son acné mais je suppose qu’elle doit être sensiblement inférieure à celle de la prise d’un contraceptif qui peut elle se prolonger pendant des années. Les effets indésirables sont alors plus susceptibles de se manifester.
2) La diffusion de ce contraceptif est vraisemblablement favorisée par le fait qu’il peut masquer à l’entourage la prise d’une pilule contraceptive : une jeune femme peut prétendre alors ne pas « prendre la pilule » mais tout simplement lutter contre une acné avérée ou simplement menaçante.
3) La dernière possibilité est d’ordre statistique. Si la probabilité d’apparition de troubles graves est très faible, la fréquence avec laquelle ils se manifestent croît avec le nombre d’utilisateurs. Si les utilisatrices de Diane 35 comme contraceptif sont plus nombreuses et plus persistantes que celles qui l’utilisent contre l’acné, il est naturel de constater plus d’accidents dans leur population.
Encore plus surprenante est l’attitude du laboratoire devant le risque qu’il signale : que doit-on faire alors, jouer à la roulette russe et prendre le risque en le considérant comme moins grave que celui d’une grossesse non désirée ? La formation de caillots n’est pas brutale. Un médecin prescrivant la prise de Diane 35 devrait être tenu d’ordonner des examens sanguins réguliers pour déterminer s’il n'y aurait pas augmentation des éléments favorisant la coagulation.