Alors que le projet de rapprochement entre la Mutualité Française et le Tonkin est tombé à l’eau, le Clinique du Grand Large à Décines, dépendante de la Mutualité, voit son avenir s’assombrir. Le personnel, inquiet, a lancé un mouvement d’indignation.
Tracts, badges et colère. Tout est réuni pour faire un bon mouvement d’indignation. A la clinique du Grand Large, à Décines, dans la périphérie lyonnaise, le climat est tendu depuis le 23 janvier dernier. La semaine dernière, le Comité d’Entreprise a appris une triste nouvelle aux 134 employés et 40 médecins de l’une des rares clinique à l’extérieur de Lyon. Après l‘échec du rapprochement avec la clinique du Tonkin, qui aurait permis de pérenniser la clinique du Grand Large, et aidée par la mauvaise situation financière de l’établissement, sa fermeture est latente. Les salariés, qui voyaient dans ce projet commun une manière de pérenniser leur établissement redoutent aujourd’hui que la situation financière difficile de la clinique, qui plus est mal classée dans le classement des hôpitaux les plus sûrs, associée à l’absence d’un projet, ne débouche purement et simplement à sa fermeture. Un conseil administration de la Mutualité, propriétaire de l’établissement, a lieu aujourd’hui et pourrait sceller l’avenir du Grand Large.
Pourtant, c’était la bouffée d’oxygène que tout le monde attendait : le regroupement des établissements mutualistes de l’agglomération avec la clinique du Tonkin. La solution avait germé dès 2004 dans les projets de la Mutualité, quand elle a acquis la clinique du Grand Large mais l’espoir a d’abord été repoussé faute de financement. Il faut alors attendre le début de l’année 2012 pour que l’Agence régionale de Santé (ARS) propose 30 millions d’euros pour financer le projet, à condition d’être aidée par la Mutualité et le Tonkin. Mais ce dernier ne souhaite pas quitter Villeurbanne quand la Mutualité envisageait Décines, dont elle est propriétaire du site, comme lieu d’emplacement. Après négociations, la Mutualité revient donc sur sa décision et accepte finalement de s’implanter à Villeurbanne mais le conseil d’administration de la Mutualité, loin d’entériner ce choix, a décidé contre toute attente de rejeter la proposition. Et d’aller plus loin : le rassemblement n’aura pas lieu. Le projet est avorté, c’est la fin de la « super-clinique » qui aurait pu sauver le Grand Large, qui se trouve dans une situation financière très compliquée, pire que par le passé, et en plus, sans aucun projet d’avenir.
Le groupe Capio, propriétaire de la clinique du Tonkin à Villeurbanne, n’a pas voulu se regrouper à Décines avec la Mutualité pour créer une structure commune de 700 lits. En réponse, la Mutualité ne veut plus du projet de rassemblement.
Quelle offre de soins pour l’Est Lyonnais ?
La clinique du Grand Large apparaît pourtant aujourd’hui comme l’un des seuls lieux de soins des habitants de l’Est Lyonnais. Si elle venait effectivement à fermer, seul l’Hôpital Privé de l’Est Lyonnais (HPEL) à Bron assurerait un service de soins à ces patients, obligés de se rendre à Lyon, en cas d’impossibilité de l’HPEL. Forcément, ce revirement du conseil d’administration ne peut laisser les employés que pantois et « profondément peinés ». Ils ont d’ailleurs adressée une lettre aux membres de leur conseil d’administration pour expliquer que « chacun de nous donne le maximum pour accueillir et optimiser la prise en charge des patients, malgré des locaux vétustes et des conditions de travail difficiles, mais toujours acceptées, dans la perspective d’un nouvel établissement et d’un avenir meilleur ». Sonnée, une salariée de la clinique nous confiait risquer de se retrouver au chômage alors même qu’elle vient de signer son contrat de travail à durée indéterminée. « Il y a un énorme problème de transparence, on n’est au courant de rien » déplore-t-elle. Mais en-dehors de la perte de son emploi, elle nous parlait aussi de sa peur de « laisser mourir cette structure. Une grande partie de la population de l’Est lyonnais et du Nord-Isère va se retrouver sans possibilité de soins à proximité. Où est-ce qu’ils vont aller ? ». La grève ? « Elle est inutile, on se tirerait une balle dans le pied. Mais le CE a demandé à tout le monde de rester solidaires. On a peur du départ du chirurgien Bernard Tête, qui fait à lui seul 35% du chiffre d’affaires de la clinique ». Car qui dit clinique privée dit rentabilité.
Aujourd’hui, leurs attentes sont claires : le conseil d’administration doit revenir sur sa décision. Les salariés attendent tous de comprendre les raisons de ce refus et surtout un geste fort, la promesse d’un « nouvel établissement, pour le bien de tous, quelle qu’en soit l’implantation ».
45.764043 4.835659