Aujourd'hui, je vais encore vous bassiner le melon avec la rupture amoureuse, la remise en question de soi-même, notre moi intérieur, et bla, et bla, et bla (on parle de ce qu'on connaît, je suppose).
Je vous disais récemment que je me remettais plutôt bien de la rupture, que j'avais fait un gros travail pour cerner mes torts, ma part de responsabilité dans cet échec et que j'avais décidé de prendre ma vie en main. Certes, c'est un fait.
Mais j'aimerais vous parler des mauvais côtés du remontage de pente. Parce qu'il y en a.
Je vois mes amis, ma famille, je discute, je suis sociable. J'aime bien. Je me balade, qu'il pleuve ou qu'il vente, et je fais découvrir à mon chien des endroits de la ville qu'il n'avait jamais reniflé. J'aime bien. Je m'investis dans ma vie, je deviens actrice et laisse à l'ancienne moi le luxe d'être seulement spectatrice. J'aime bien. Je vais à la bibliothèque réviser tous les jours, je cherche des bouquins pour étudier, je fixe mes projets dans le temps, je fais des projets bien définis, je sais ce que je veux. J'aime bien. Je me suis remise à l'écriture, je me suis souvenue à quel point j'aimais ça, j'ai commencé un roman qui m'inspire et qui fait déjà une trentaine de pages. J'aime bien. Je vais au marché, au travail, je m'achète quelques vêtements bien féminins, je discute avec des gens, et même des garçons, je m'achète de nouvelles bottes trop jolies, je prends confiance en moi et en la vie. J'aime bien. Oui, j'aime bien.
Mais sont-ce des choses que je n'aurais pas pu faire avant ? Est-ce qu'être en couple avec l'homme que j'aime m'empêchait de me promener, de découvrir le monde, de me montrer sociable, souriante, de me renouveler et de mettre enfin mes projets professionnels au clair ? Mon couple m'en empêchait pour une seule bonne raison : parce que j'étais conne, et bien engoncée dans mon confort de petite-copine qui sert à rien et qui se repose sur son avenir amoureux en cas d'échec. Je ne voulais pas bouger, je remettais toujours ma vie à plus tard, parce que je me disais que de toute manière, je l'aurai toujours lui.
Oh mon dieu, mais vous voyez à quel point ça me rendait débile ? A quel point il fallait qu'on me foute une gifle et qu'on me retire une des choses qui comptait le plus à mes yeux pour que j'arrête enfin de me tripoter les fesses et que je BOUGE ?
C'est vraiment bête. Parce que quand je rentre chez moi, je me sens bien. Je me suis levée tôt, j'ai eu une journée bien remplie, j'ai bonne mine, j'ai mangé avec mes grands-parents de bonnes lasagnes, je me suis promenée, j'ai vu des gens, je me suis instruite et j'ai eu l'impression d'avancer dans mes études. J'ai même réussi mon créneau en arrivant sur mon parking. C'était une belle journée. Très agréable. Et je sais même ce que je vais faire demain. Mais je n'ai plus la personne que j'aime pour partager ça. Il n'est plus là pour que je lui raconte à quel point je suis contente d'évoluer enfin. Parce qu'il a fallu qu'il parte, pour que je me mette enfin en route. C'est sans doute ça, le principe du « On ne peut pas tout avoir ».
Il me manque. Son sourire me manque. Ses yeux me manquent. Sa voix, aussi. Ses « Je t'aime ». Sa petite barbe. Son rire agaçant, mais mignon. Son écharpe verte (verte, oui...). Son odeur.
Tout cela me manque. Et pourtant je me sens bien. Parce que je suppose que si ça ne me manquait pas, je ne me serais jamais décidée à être celle que je suis en train de devenir. Celle que j'ai toujours voulu être. Quelqu'un de bien. Une femme indépendante, mais aimante.
Je me sens bien. Et ça me fout mal.
30 janvier 2013