Sur les réseaux sociaux, la popularité ne fait décidément pas l'influence

Publié le 30 janvier 2013 par Pnordey @latelier

Si l'on regarde les interactions d'artistes sur MySpace, on se rend compte que ce ne sont pas forcément ceux qui disposent du nombre de "fans" le plus important qui sont connectés véritablement avec le plus d'individus, et influents.

Alors que la nécessité de cibler les influenceurs sur le web pour une marque est depuis longtemps une évidence, la question de détecter ceux qui le sont véritablement fait encore débat. Pour une équipe du laboratoire SENSe d'Orange Labs, il faut ainsi décorréler l'influence de la popularité. Ils se sont demandés si les utilisateurs qui disposaient de la plus large audience étaient aussi ceux qui profitaient de la plus haute influence au sein d'un réseau. Un constat qui n'est pas inédit mais qu'ils ont efficacement démontré en s'intéressant à la plate-forme musicale MySpace, et à la popularité des artistes qui y diffusent leurs contenus. Notamment parce que la popularité d'un artiste sur ces réseaux se définit selon deux critères : ce qu'il produit, et sa propre présence. Ils ont ainsi travaillé sur un échantillon d'utilisateurs, en utilisant une carte auto-adaptative, ou carte de Teuvo Kohonen, qui reproduit le principe neuronal pour cartographier un espace réel.

Combiner de multiples caractéristiques

Selon les chercheurs, de tels supports permettent de distinguer efficacement les différentes formes des caractéristiques de la popularité, en produisant une visualisation bidimensionnelle de données multidimensionnelles. Cela, en prenant en compte plusieurs facteurs, comme le nombre de visites sur une page, le nombre de commentaires ou de fans, la densité des liens (c'est à dire le cumul des artistes et des fans amenant au profil d'un artiste) mais aussi le fait de savoir si l'artiste s'est déclaré comme d'un label indépendant ou non, ou encore le taux de réciprocité : le nombre d'amis du profil A qui l'ont aussi déclaré comme ami. L'enquête a été menée auprès, tout d'abord, d'un échantillon de sept personnes prises au hasard parmi les profils concentrant le plus d'audience sur le volet français du site. Pour chacun, les personnes indiquées comme "meilleurs amis" ont été rajoutées, chiffre oscillant entre un et quarante par profil.

Etre au croisement de plusieurs communautés

Processus itéré 3 fois, qui a permis d'obtenir un matériau de travail de plus de 20 000 profils, tous plus ou moins connectés. Résultat : il apparaît d'une part que les artistes disposant d'un large public auront tendance à demeurer dans un groupe restreint d'utilisateurs et ne citeront que des artistes d'un niveau social proche. Un artiste doté d'une influence moindre mais non nulle sera davantage connecté avec des artistes d'une autre sphère d'influence. Si un genre musical connu de tous tel que le jazz est cité comme une influence majeure par nombre de musiciens, un groupe musical aux influences plus diverses possèdera à l'inverse une interconnexion entre artistes beaucoup plus étendue. Ils recommanderont davantage d'artistes extérieurs à leur genre musical. Ce qui revient à dire, une fois de plus, qu'il semble que ce soit plutôt la qualité du lien, et surtout la capacité à naviguer au sein de plusieurs qualités, qui témoigne d'une influence.