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(Cliché I. Rambaud)
La découverte récente d'une fresque, peinte sur un mur à Vert-Saint-Denis (77), m'a inspiré cette fable à la manière de M. de La Fontaine... qui a bien parlé des grenouilles mais pas des crapauds, me semble-t-il.
C'est ainsi l'occasion rêvée : - d'évoquer cet animal bien sympathique quoique laid et fort méconnu, surtout en ville !
- de faire l'éloge des murs peints (qui, lorsqu'ils sont bien faits, n'attirent ni tags ni dégradations)
- de rendre hommage au fabuliste, (en implorant son indulgence...)
LE CRAPAUD ET LE RENARD
Un crapaud, bien gras et luisant, faisait aux bords du marais
L’honneur de sa présence,
Avalant mouches ou moucherons et, sans qu’il y paraisse,
Régnant en maître sur l’anse.
(Cliché I. Rambaud)
Il se lia d’amitié avec un renard, venu du fonds des bois
Grand chasseur de gelines*,
Seul repas digne de l’estomac racé du matois**
Qui reniflait vers les cuisines.
Mais leur liaison de passage retomba vite
Quand ils voulurent à l’autre,
Pour varier les plaisirs
Et sans mesurer leur nature,
Disputer le régime et changer le toit qui les abrite :
Au crapaud, les champs d’épeautre***
Au renard, les fonds marécageux où, dans la fange,
Ne gîtent que les serpents.
(Cliché I. Rambaud)
Le goupil maigrit et dépérit à cette vie bien étrange,
Le crapaud se languit des rampants,
Chacun se désole et quitte sa superbe****,
Accusant l’autre de sa déconvenue.
L’amitié s’enrichit des dissemblances, l’affaire est connue
Mais l’excès lui est contraire et l’exacerbe.
Pour varier les plaisirs,
Sachons les bien mesurer à notre nature. ________________________________________*Gelines : poules**Matois : rusé***épeautre : céréales****sa superbe : son orgueil Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !