J’ai été fascinée par cette bande-dessinée. D’abord par les dessins qui sont juste sublimes. Ils semblent jouer avec la couleur et donner sa luminosité à chaque goutte d’eau. Les formes semblent liquides, glisser sur les pages, avec un résultat assez hypnotique. Et je ne m’y attendais pas. Car l’histoire toute bête d’un groupe parti faire du canyoning m’a surprise par son mélange de trivialité et d’originalité: certes, le canyoning n’est pas une discipline ultra-connue mais est-elle pour autant le cadre d’une bonne histoire? Et bien oui, parce que chaque page devient l’occasion de ressentir presque physiquement le pouvoir de l’eau, sa force, sa capacité à contraindre et à épouser chaque corps et chaque forme. Le pinceau (puisqu’on a l’impression de pouvoir toucher la matière de la page tant les dessins font impression) distille les touches de lumière et dès qu’on plonge dans les grottes sous l’eau, on suit les courants en même temps que les lueurs qui tracent le chemin et qui poussent les personnages tout en leur faisant perdre tous leur repères. Il y a quelque chose de profondément initiatique, de quasiment fœtal dans l’expérience que cet album parvient à retransmettre, jusqu’à la renaissance finale quand la lumière réapparait.
La note de Mélu:
Entre oppression et fascination, je suis clairement bluffée!
Un mot sur l’auteure: Audrey Spiry est une auteure française qui a d’abord travaillé dans l’animation avant de se lancer dans cette première oeuvre. Quelques planches ? Pour en voir plus, je vous invite à aller voir le preview (impressionnant) sur BDGest et le blog de l’auteur: