FESTIVAL D'ANGOULÊME - Disney est à l'honneur de cette 40ème édition du Festival BD d'Angoulême, du 31 janvier au 3 février, avec deux événements:
1/ Une exposition "Mickey & Donald: tout un art", consacrée aux dessinateurs Disney qui ont marqué la BD, de 1930 à nos jours.
2/ Une conférence que j'anime, le 31 janvier à 12h, intitulée "Mickey, Donald et les personnages BD de Disney...héros de l'art contemporain".
"Mickey n'est plus la propriété de Walt Disney, il appartient à tout le monde", avait lancé Robert Combas en 1979 dans une toile intitulée "Mickey Bato" restée célèbre. Comment les artistes ont-ils détourné Mickey, Donald, Pluto, Pinocchio et autres héros Disney ? Entre ironie et idolâtrie subversive: autoportrait d'Hervé Télémaque en corsaire noir sous les traits de Dingo, sculptures abstraites sorties des cases BD et réalisées par Bertrand Lavier, le Génotype Mickey de Jean-Jacques Lebel, une installation à partir des produits dérivés Disney. Plus récemment, une série de soins infirmiers apportés à Mickey par Valérie Sonnier, la niche de Pluto taguée par Speedy Graphito, les photographies de Benjamin Béchet montrant des super héros à la place de gens ordinaires, ou encore le portrait subversif de la famille Mickey au grand complet par Gérard Rancinan (photo: Family watching TV, 2012).
Mickey entre au panthéon des stars en 1948 dans un collage de l'Ecossais Eduardo Paolozzi (1924-2005), précurseur du mouvement Pop en Angleterre. L'œuvre s'intitule "Real Gold": la petite souris à la culotte rouge est collée à côté d'une pin'up d'Hollywood. Les compositions de Paolozzi sont présentées à l'Institut d'art contemporain de Londres. Mais il faudra attendre Juillet 1955, l'ouverture de Disneyland en Californie, pour que les artistes fassent de Mickey leur muse.
"Je parie que tu n'es pas capable de peindre aussi bien que ça, hein, papa?" aurait dit à Roy Lichtenstein l'un de ses fils en lisant Le Journal de Mickey. C'est ainsi que le père du Pop Art américain crée "Look Mickey" en 1961 - conservé à la National Gallery de Washington (photo). La particularité de ce tableau, ce sont les points de trame. En isolant les images de la bande dessinée Mickey Mouse, l'artiste américain fixe au vol l'éphémère. Une fixité proche de celle de Seurat. À ceux qui lui reprochent de ne faire que de simples reproductions, il répond "plus mon travail est fidèle à l'original, plus il est critique et lourd de sens".
"Vous nous prenez pour des débiles, on n'est plus des gosses!...En 1963, à la galerie Mathias Felds, certains collectionneurs regardaient à peine mes tableaux considérant que c'était de la BD", témoigne Bernard Rancillac. En Europe, c'est l'émergence de la Figuration narrative, détournements des images publicitaires et de personnages de bande dessinée dans un contexte historique dominé par l'expressionnisme abstrait.
Mickey et la mondialisation est le thème choisi par Rancillac en 2012, dans une série de toiles exposées à la galerie Detais à Paris. L'artiste prépare un vitrail pour une chapelle historique. "Ils commandent des œuvres à des artistes contemporains pour combler les trous, explique t'il dans un sourire. J'ai choisi de représenter Mickey sur la croix et Minnie à ses pieds. Si l'évêque me demande pourquoi Mickey, je lui répondrai que Mickey est plus connu que Jésus Christ dans le monde actuel!" (photo: série C'est quoi m'man la mondialisation?, 2012)
Pour en savoir plus sur l'exposition "Disney et Donald: tout un art"