J’ai déjà parlé de ma maison et de sa foule d’objets… Sans doute… Sûrement! Ma maison est une vieille dame tendance Art Nouveau, née en 1926 des mains de l’architecte Gustave Fache. Peu à peu je travaille à sa rénovation, mais c’est cher et pas forcément facile quand on travaille à plus de 100 bornes et donc qu’on passe plus de temps dehors que dedans…
Si j’écris ça c’est parce que j’écris actuellement pour le magazine un dossier sur l’accès à la propriété, et je trouve des infos qui disent que beaucoup de jeunes Belges ne remplissent malheureusement pas les conditions pour accéder à un emprunt, etc. Que pourtant deux locataires sur trois aimeraient devenir propriétaires de leur maison. Et de préférence très vite, au plus vite. Car louer, c’est cher, presque aussi cher qu’acheter, et ce n’est pas pour soi. C’est ce qu’on entend et dit toujours.
Du coup là, soudainement: remise en question. Je me dis « mais pourquoi diable ce besoin de mettre de l’argent de côté pour soi, comme ça? ». Regardez mon cas. Je n’ai pas d’enfants. Je ne sais pas si j’en aurai un jour. Je n’ai JAMAIS eu d’ambition familiale particulière. POURQUOI j’ai dû me lancer, à 24 et 25 ans, dans l’achat de deux biens immobiliers dans la foulée? C’était comme viscéral, comme si c’était ma garantie pour le futur. Je ne regrette pas, loin s’en faut, mais cette notion de « brique dans le ventre » est absolument réelle. C’est « dans le ventre », et c’est pas forcément réfléchi. Culturellement, on nous (m’?) a mis dans la tête qu’il fallait de venir propriétaire pour assurer son… on sait pas pour assurer quoi d’ailleurs. Par ailleurs, il était essentiel pour moi de reconstituer une partie du patrimoine familial qui avait été perdue dans une faillite d’entreprise une dizaine d’années plus tôt. Je l’ai fait, voilà. « Et t’es contente? » Baaah… Ouais, mais en quoi ma vie aurait été différente si j’avais pas fait ça? Est-ce que j’aurais été plus mobile, plus libre, plus encline à chercher du boulot à l’étranger, à partir vivre à Paris ou à Bruxelles plutôt que de toujours être sur les routes?
Parce qu’à 24 ans, j’avais une vision du monde et du travail qui était beaucoup plus locale que maintenant. Aujourd’hui, je sais que tout est possible, qu’on peut quitter son pays ou sa ville et vivre ailleurs, pour travailler, pour aimer, pour faire sa vie…
Je suis surtout encore endettée pendant 18 ans. Enchaînée à mes vieilles briques parce que c’est comme ça. Ca fait cynique, je m’en rends compte… Plus que tout j’aime ma maison, c’est bien ça le pire… Et j’aime ma ville, ma rue. Et je suis assez fière de tout ça. Mais c’est vrai que quand même ça pose question des choix qu’on fait, et je n’ai pas les réponses… On verra dans 18 ans!