Je m’interroge ce soir sur la valeur que peuvent bien avoir les conseils de nos proches. Pourquoi faut-il toujours qu’on demande l’avis des uns et des autres pour prendre une décision qui au final ne revient qu’à soi-même? Du moins c’est mon cas… Il y a des jours où « je ne suis pas sûre ». Où je me renseigne. Où je me demande ce que les autres feraient.
Quand j’étais à l’hôpital, rayon neuro-psychiatrique, entre les alcooliques en tête de gondole et les drogués en promotion, ma très chère amie Jess me disait « Il faut que tu fasses ce qui est mieux pour toi, selon les autres. » Car mon jugement était fortement altéré par une maladie qui prenait la place de mon cerveau. Seulement le temps a passé, et je pense avoir récupéré mon sens critique, doublé d’une bonne dose de cynisme et dénué de tout optimisme gratuit. Ce qui est à mon sens préférable.
Dès lors, POURQUOI, et la question revient, avoir besoin de l’avis des autres? D’autant qu’on a toujours un avis préconçu sur chaque question, et dès lors on va forcément consulter des gens qui iront « relativement » dans le même sens que soi… Personne n’a envie de se prendre un vent magistral en « appelant un ami » qui a généralement une opinion diamétralement opposée à la sienne, si je ne m’abuse. Bref les conseils, ça sert à conforter ses propres choix. Donc, c’est un truc de gens qui manquent de self-confiance. Ok. Diagnostic posé.
Si je parle de ça, aujourd’hui, c’est parce que j’ai demandé un conseil à quelqu’un qui me soutient toujours: ma mère. Et qu’elle m’a traitée de folle. J’ai été vexée, dès lors je ferai ce que bon me semble et peut-être l’opposé de ce qu’elle m’a conseillé… Et si elle avait raison, elle ne manquera pas de me le dire…
Je m’en vais vous expliquer mon dilemme… Il n’est absolumentt pas croustillant, et sans doute sans grand intérêt pour la plupart des gens, mais quoi qu’il en soit c’est une situation à laquelle je fais face. J’ai beaucoup d’animaux, vous le savez peut-être. J’ai cinq chats et trois rats domestiques. Deux de ces rats sont les rats du Dindon, qu’il m’a laissés quand il est parti vivre dans sa garçonnière. Le troisième rat est un bébé qui était promis à une mort horrible (se faire bouffer par un serpent), et que j’ai recueilli. Les trois vivent dans une cage immense, dans mon couloir, et j’y suis fort attachée. L’un des rats du Dindon a développé un cancer très récemment. Il a une tumeur à la patte. Pour info, les tumeurs, chez les rats, ça grossit à vitesse grand V, et ça devient aussi gros qu’une orange en quelques semaines voire mois, dans le meilleur des cas.
Quand j’ai prévenu le Dindon de l’état de son rat, il m’a dit « tu peux lui laisser vivre sa vie tranquillement jusqu’à la fin ». Je l’aurais fait, si la tumeur avait été un simple kyste et pas un truc dangereux, mais ma vétérinaire m’a dit que « c’était pas joli ». Elle m’a mise face à un choix pas facile: le laisser vivre effectivement avec son cancer, jusqu’au jour où il faudra euthanasier (6 semaines, 2 mois, 6 mois plus tard…) parce que le truc aura mal tourné VOIRE explosé (O_o), ou tenter une opération, pas sans risque (petit animal + anesthésie + soins post-op=danger de mort), mais qui existe et pourrait guérir mon rat. Ou le tuer, on a bien compris. Pas simple. Je dois répondre demain.
Ma vétérinaire m’a dit « ne demandez pas l’avis de votre coiffeur ou de votre garagiste, c’est votre choix qui compte ». Dans ma tête c’est clair: il faut opérer ce rat. Parce que s’il y a bien un truc que je sais, c’est qu’une vie vaut de l’or, et aussi que quand on adopte un animal, on est le seul garant de sa santé et de sa vie. Mais on (ma mère) m’a répondu: « Ce n’est qu’un rat, tu vas pas payer le véto pour un rat? Ca ne vit pas assez longtemps, etc. » Une minute. On soigne les cons, non? Pourtant « c’est qu’un con »? J’ai détesté cet argument, qui dit qu’un rat ça vaut rien. Ok, ça vaut rien. Ca s’achète 2 euros en animalerie, et ça vit trois ans, quatre ans. Et? Donc ça vaut rien? J’ai eu tous mes chats gratuitement et j’ai déjà payé 1000 euros pour une opération.
Bref. Je n’ai pas encore décidé. Mais je voulais rien. Je voulais qu’on me dise: « Fais ce qui te semble le mieux, pour toi et pour le rat. Les autres tu t’en fous. » Y’a qu’une personne qui m’aurait dit ça. Et c’est moi. J’aurais dû m’appeler.
- C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
- C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.
- Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…
- Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.