Présidence « atomique »

Publié le 29 janvier 2013 par Toulouseweb
Les influences politiques perdurent chez EADS.
Considéré avec un minimum de recul, le problčme envahissant posé par la présidence du conseil d’administration du groupe EADS constitue la parfaite caricature du Ťsystčmeť : la société assume haut et clair sa volonté réaffirmée de totale Ťnormalitéť mais se prend jour aprčs jour les pieds dans le tapis de la politique française, allemande, franco-allemande. En admettant que cette derničre existe.
Dans une longue communication datée du 5 décembre, EADS détaillait le remaniement de sa gouvernance et de la structure de son actionnariat. Les deux premičres lignes du texte donnaient le ton : Ťl’actuel pacte d’actionnaire devrait ętre remplacé par un schéma de gouvernance d’entreprise ordinaireť. Ordinaire, vous avez dit ordinaire ? Peut-on l’ętre, avec un chiffre d’affaires de 50 milliards d’euros et plus de 133.000 personnes ? Avec des implantations historiques dans quatre pays européens, des dizaines d’autres ŕ travers la plančte ?
On a pu le croire, la nouvelle génération de dirigeants y a cru, ou a fait semblant d’y croire. Mais les événements leur donnent tort, leur apportent réguličrement de sérieux démentis. En témoigne le psychodrame qui entoure la présidence, pourtant non exécutive, de la présidence du conseil. Le sičge laissé vacant par Arnaud Lagardčre suscite de solides convoitises, les noms de candidats sont cités jour aprčs jour, pas seulement dans l’industrie mais aussi dans les milieux politiques.
Chacun comprend, cette semaine, que le poste tant convoité, sans doute parce qu’il a valeur de symbole, pourrait ętre attribué ŕ Anne Lauvergeon, dite ŤAtomic Anneť depuis qu’elle a dirigé Areva. Elle est ingénieur du corps des Mines, est passée par Usinor et le CEA et a acquis une grand notoriété médiatique en qualité de sherpa du Président François Mitterrand. Plus tard, elle a exercé chez Lazard Frčres, Alcatel, Cogema, avant de prendre les commandes d’Areva. Un beau parcours mais, faut-il le rappeler, marqué politiquement.
Aujourd’hui, lit-on sous des plumes bien informées et proches du pouvoir, François Hollande, fidčle en amitié, agent haut de gamme de Pôle Emploi, Ťne sait pas quoi faire d’Anne Lauvergeonť, ce qui dit tout. Certes, elle est présidente du conseil de surveillance du quotidien Libération, mais c’est peu de chose. D’oů le projet présidentiel de la pousser vers EADS, entreprise qui ne fait męme plus tout ŕ fait semblant d’ętre devenue normale. Depuis qu’Angela Merkel a mis son veto ŕ la fusion EADS/BAE Systems, un acte littéralement extravagant, on se demande si ce n’est pas la chanceličre elle-męme qui devrait succéder ŕ Arnaud Lagardčre. D’autres candidats, de toute maničre, présentent l’incontournable défaut d’ętre tout simplement compétents. Et, on l’a bien compris, c’est nettement insuffisant.
Fort heureusement, ces jours-ci, Boeing vient ŕ l’aide d’EADS. Les gravissimes difficultés du 787 Dreamliner, cloué au sol par la Federal Aviation Administration, agitent le microcosme aéronautique au point de dresser un épais rideau de fumée qui occulte tous les autres sujets d’actualité. A commence par la présidence d’EADS, ainsi ramenée ŕ ses justes proportions, tout ŕ la fois ridicules et minuscules. Męme si tout le monde ne le prend pas sur ce ton-lŕ, celui de la dérision. Hélas !
Pierre Sparaco - AeroMorning