Le sérieux me glaça de son aplomb, à l’aube de mes sept ans.
N’allez pas croire que j’en voulais au milieu scolaire. Au contraire! La douleur dont je parle, c’était celle de plaire. C’était le désir de rendre mes parents fiers. La performance venait de faire son nid dans le douillet de ma vie.
Tristounette à m’en couvrir de boutons, je frissonnais à l’idée que mon p’tit bonheur m’avait abandonnée. Il fallait que je le retrouve. Tel un parent affolé, je partis à sa recherche.
Mon p’tit bonheur, où es-tu?
Je retournai des roches, fouillai des poches, ratissai des ruisseaux. D’un souffle, je séchai un sanglot et retroussai mon courage. Ravigotée, je poursuivis ma quête. Vous auriez pu penser que je cherchais Nemo.
Quoi? Oui! Enfin! Il était là! Je le vis, tremblant d’effroi, dans des mains appartenant à des autorités extérieures. Viens ici, mon p’tit bonheur! Je le repris avec l’assurance d’un propriétaire. Je l’enveloppai de toute mon affection et le ramenai à la maison.
Et vous? Comment se porte votre p’tit bonheur? Est-il ce que vous avez de plus précieux? Et si vous le remettez à d’autres instances, sont-elles dignes de votre confiance?
De mon côté, l’habitude de penser que d’autres sauraient mieux s’en occuper n’est pas facile à transformer.
Je ne compte pas les fois où mes négligences le poussèrent à visiter d’autres ondins. Comment l’en blâmer? Rien n’est plus naturel pour lui que de veiller à sa félicité, puisqu’il est né pour barboter dans le courant de la liberté.
Quand la peur me serre la poitrine. Quand le doute me fronce le sourcil. Quand l’excès m’épuise l’énergie. Pour lui, trop d’inconfort! Du coup, il s’enfuit sans hésiter.
Après un instant assez bref, merci, je le trouve et lui dis : Que fais-tu là?
Mon p’tit bonheur, viens-t-en avec moi!
Alors, je le prends. Et, tendrement, je le dépose dans mon cœur conscient. Bienheureux de nous retrouver, nous frétillons à l’unisson.
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