Devezh mat, Metz, mont a ra ? Ah, on a vraiment eu du pot, à Brest, samedi dernier ! C’est en effet ce jour-là, la veille du défilé parisien, qu’a eu lieu le rassemblement des partisans du mariage pour tous organisé par le collectif LGBTH, et on a eu du pot puisqu’il a fait beau justement ce jour-là ! Le temps avait été exécrable la veille, et dimanche, ce n’était pas mieux : bon, pour être franc, quand tout le monde était sur place et que les responsables des syndicats et des assos ont commencé à faire leur laïus, on senti quelques gouttes… Sur le coup, j’ai bien cru un instant qu’on était maudits, je me suis même exclamé « Dieu est de droite ! » et j’ai craché au ciel : le soleil est revenu tout de suite après ce coup d’éclat de ma part… Je dis ça, je dis rien !
Je parle des syndicats parce qu’ils étaient là, ce qui m’a un peu étonné de prime abord ; Jean-Roger, un responsable de l’UNSA, m’a fait savoir qu’ils se devaient d’être là. Est-ce totalement désintéressé ? À la limite, peu importe : l’important était de faire le nombre est de ne pas laisser aux intégristes le monopole de l’action militante. Sur le coup, ce n’était pourtant pas gagné : quand je suis arrivé, avec mes amies Julie et Marjorie, sur la place de la Liberté, devant l’hôtel de ville à l’heure du rendez-vous, quatorze heures et demie, il n’y avait vraiment que trois pelés et un tondu… À part deux jeunes filles vêtues de manière un peu extravagante, genre Gay Pride soft, et quelques clampins qui assistaient à un mariage gai mais pas gay (la mariée était jolie, soit dit en passant), personne. On a bien cru un instant qu’on avait fait le déplacement pour rien ! Et puis ils sont arrivés. D’abord un, puis deux, puis dix, puis cent… Bon, ce n’était pas la marée humaine, la place n’était pas pleine à bloc, le petit garçon de Marjorie trouvait encore le moyen de s’échapper pour courir dans tous les sens sans cogner personne… Mais n’empêche qu’ils étaient là, avec leurs drapeaux, leur badges, leurs panneaux (notons un bienvenu « ni frigide ni barjot » !) et leur mégaphones ; ils étaient là, de tous les âges, de tous les sexes, de toutes les professions, de toutes les préférences sexuelles (niveau couleur politique, c’était plus homogène…), unis simplement par leur volonté de défendre l’égalité entre les citoyens. Ils étaient prêts de 400 dont des élus comme madame Nathalie Chaline et même le chanteur Halim Corto ; celui-ci était plutôt déçu de ne pas avoir été invité ni même écouté par les associations, qui ont continué à discourir sans lui prêter la moindre attention, malgré son combat acharné contre l’homophobie – je tiens à signaler que s’il n’avait pas envoyé des invitations à ce rassemblement via Fasseboque, je n’en aurais peut-être même pas eu vent ! Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Halim a interprété « Je ne l’ai pas choisi » devant ses fidèles admirateurs. Il est émouvant, ce garçon…
Il n’y a pas eu de défilé, c’était juste un rassemblement : tous les participants ont été conviés à composer sur la place un grand « oui » qui pouvait se voir du ciel. Oui à quoi ? Oui à la tolérance, oui à l’égalité, oui au progrès moral, oui à la liberté, oui à la République, c’est aussi simple que ça. Vous pouvez trouver ça naïf et bête, mais au moins, les Brestois qui n’avaient pas digéré l’odieuse manifestation de bigots du 13 janvier ont pu saisir l’occasion de se sentir moins seuls… À seize heures, tout était consommé ; c’est quand même malheureux de devoir hurler comme ça pour quelque chose qui devrait aller de soi… Kenavo, les aminches !
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