Discours de Jean-Luc Romero
Réunion publique – Hôtel de Ville
Paris – samedi 26 janvier 2013
Chère madame le Maire et chère Anne,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis, militants et sympathisants de l’ADMD,
Permettez-moi tout d’abord de vous dire – de nous dire – combien je suis fier que nous soyons si nombreux dans ces magnifiques salons de l’Hôtel de Ville de Paris, ce samedi. Nous devons remercier chaleureusement le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et Anne Hidalgo, sa première adjointe qui nous soutient si fidèlement et qui est, avec Alain Fouché, sénateur de la Vienne, notre conseiller politique. Ce n’est pas rien. Les délégués de l’ADMD qui sont présents dans cette salle, aujourd’hui, après avoir passé presque deux jours en formation, le savent bien. Obtenir une salle municipale n’est pas toujours une chose aisée. Mais une salle de cette splendeur est un honneur pour nous et une reconnaissance de la légitimité de notre combat et de la justesse de notre revendication. Non, nous ne portons pas un message de désespoir et de mort. Nous portons le message de la laïcité et de la liberté. Ce message, il est porté par vous tous qui êtes présents aujourd’hui dans ce lieu magnifique, par tous ceux qui – j’en suis très sincèrement désolé – faute de place, n’ont pas pu accéder jusqu’à nous ; c’est la rançon du succès et nous devons nous en réjouir. Et, au-delà, par tous ceux qui, à travers la France, composent cette force de 50 000 adhérents actifs et motivés qui forme l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.
Nous voulons une loi maintenant.
Un seul mot d’ordre, aujourd’hui. Respect de la proposition 21.
La proposition 21, c’est celle faite par le candidat Hollande, élu à la présidence de la République en mai dernier, afin que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »
Cette proposition, qui converge évidemment vers la proposition de loi que les adhérents de l’ADMD ont votée en juin 2011 lors de notre 32èmeassemblée générale, qui converge également vers les législations néerlandaises, belges et luxembourgeoises, est un engagement fort que le président de la République, maintenant élu, doit entendre et mettre en œuvre. D’ailleurs, 89% des Français – 9 Français sur 10 – selon un sondage Ifop d’octobre 2012, demandent la mise en œuvre sans délai de cette réforme.
Alors, j’ai entendu ici ou là que l’ADMD, son président, roulait pour François Hollande. Non ! L’ADMD ne roule pour personne. Démocrate, respectueuse du vote des électeurs, oui ! Partisane, non ! L’ADMD soutient et soutiendra, au niveau national comme au niveau local, tout élu qui s’engagera sur ce chemin de notre liberté, de celle de chaque Française et chaque Français qui, le moment venu, ne veut pas se faire imposer sa fin de vie par des mandarins éloignés de leurs patients, et qui revendiquent la primauté de leur science sur nos souffrances, ou par des idéologues qui pensent que les citoyens ne seraient que des sujets entre les mains d’une puissance supérieure.
Pour répondre rapidement à ces deux points, je citerai l’ancien président de la République, Nicolas, Sarkozy : « La souffrance appartient à celui qui est dans le lit, et non à celui qui le regarde ». Quant aux extrémistes religieux de tout poil, je crois pouvoir leur dire qu’aucun Dieu honnête ne demanderait à ses fidèles de souffrir. Tout ceci n’est que le maquillage d’une peur face à la mort. Face à notre propre mort.
J’ai entendu aussi, durant cette période électorale, que l’ADMD ne devrait pas faire de politique. Mais c’est une obligation qu’elle en fasse. Elle ne peut pas être autre chose, si nous souhaitons faire évoluer la loi dans le sens que nous souhaitons depuis bientôt 33 ans, qu’une association politique, citoyenne. Sinon, comment imaginer convaincre les parlementaires de la nécessité d’une législation plus moderne, plus laïque, plus démocratique, plus à l’écoute des citoyens ? L’ADMD n’est pas une association aux petits arrangements entre amis qui permettrait d’aider tel ou tel, et pas tel autre, au seul motif que l’un est connu et l’autre pas. Notre association, fidèle à ses initiateurs, Michel Landa, Mireille Jospin et d’autres encore, souhaite qu’une solution soit trouvée pour l’ensemble des Français en fin de vie, dans la transparence, la liberté, l’égalité et la fraternité. Je reçois parfois des lettres me disant que nous sommes trop mous et que les Droits de l’Homme, sans la révolution de 1989 et la prise de la Bastille, n’existeraient pas. Certes. Mais combien d’entre nous, assis ici, cette après-midi, sous ces lambris dorés d’un palais qui a lui-même connu tant de révolutions, de destructions et de reconstructions, sont prêts à mourir pour défendre notre cause ? Nous attendons toujours celui ou celle qui accepterait de faire de son combat personnel un combat collectif. Mais il ne vient pas. Je le comprends parfaitement, tant la fin de vie est une période difficile à affronter sur le plan physique et psychologique.
Cette proposition 21, c’est notre mot d’ordre depuis que le candidat vainqueur l’a faite. Ce sera le nôtre jusqu’à juin 2013.
Discours de Jean-Luc Romero
Réunion publique – Hôtel de Ville
Paris – samedi 26 janvier 2013
samedi 24 mars 2012
Chère madame le Maire et chère Anne,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis, militants et sympathisants de l’ADMD,
Permettez-moi tout d’abord de vous dire – de nous dire – combien je suis fier que nous soyons si nombreux dans ces magnifiques salons de l’Hôtel de Ville de Paris, ce samedi. Nous devons remercier chaleureusement le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et Anne Hidalgo, sa première adjointe qui nous soutient si fidèlement et qui est, avec Alain Fouché, sénateur de la Vienne, notre conseiller politique. Ce n’est pas rien. Les délégués de l’ADMD qui sont présents dans cette salle, aujourd’hui, après avoir passé presque deux jours en formation, le savent bien. Obtenir une salle municipale n’est pas toujours une chose aisée. Mais une salle de cette splendeur est un honneur pour nous et une reconnaissance de la légitimité de notre combat et de la justesse de notre revendication. Non, nous ne portons pas un message de désespoir et de mort. Nous portons le message de la laïcité et de la liberté. Ce message, il est porté par vous tous qui êtes présents aujourd’hui dans ce lieu magnifique, par tous ceux qui – j’en suis très sincèrement désolé – faute de place, n’ont pas pu accéder jusqu’à nous ; c’est la rançon du succès et nous devons nous en réjouir. Et, au-delà, par tous ceux qui, à travers la France, composent cette force de 50 000 adhérents actifs et motivés qui forme l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.
Nous voulons une loi maintenant.
Un seul mot d’ordre, aujourd’hui. Respect de la proposition 21.
La proposition 21, c’est celle faite par le candidat Hollande, élu à la présidence de la République en mai dernier, afin que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. »
Cette proposition, qui converge évidemment vers la proposition de loi que les adhérents de l’ADMD ont votée en juin 2011 lors de notre 32ème assemblée générale, qui converge également vers les législations néerlandaises, belges et luxembourgeoises, est un engagement fort que le président de la République, maintenant élu, doit entendre et mettre en œuvre. D’ailleurs, 89% des Français – 9 Français sur 10 – selon un sondage Ifop d’octobre 2012, demandent la mise en œuvre sans délai de cette réforme.
Alors, j’ai entendu ici ou là que l’ADMD, son président, roulait pour François Hollande. Non ! L’ADMD ne roule pour personne. Démocrate, respectueuse du vote des électeurs, oui ! Partisane, non ! L’ADMD soutient et soutiendra, au niveau national comme au niveau local, tout élu qui s’engagera sur ce chemin de notre liberté, de celle de chaque Française et chaque Français qui, le moment venu, ne veut pas se faire imposer sa fin de vie par des mandarins éloignés de leurs patients, et qui revendiquent la primauté de leur science sur nos souffrances, ou par des idéologues qui pensent que les citoyens ne seraient que des sujets entre les mains d’une puissance supérieure.
Pour répondre rapidement à ces deux points, je citerai l’ancien président de la République, Nicolas, Sarkozy : « La souffrance appartient à celui qui est dans le lit, et non à celui qui le regarde ». Quant aux extrémistes religieux de tout poil, je crois pouvoir leur dire qu’aucun Dieu honnête ne demanderait à ses fidèles de souffrir. Tout ceci n’est que le maquillage d’une peur face à la mort. Face à notre propre mort.
J’ai entendu aussi, durant cette période électorale, que l’ADMD ne devrait pas faire de politique. Mais c’est une obligation qu’elle en fasse. Elle ne peut pas être autre chose, si nous souhaitons faire évoluer la loi dans le sens que nous souhaitons depuis bientôt 33 ans, qu’une association politique, citoyenne. Sinon, comment imaginer convaincre les parlementaires de la nécessité d’une législation plus moderne, plus laïque, plus démocratique, plus à l’écoute des citoyens ? L’ADMD n’est pas une association aux petits arrangements entre amis qui permettrait d’aider tel ou tel, et pas tel autre, au seul motif que l’un est connu et l’autre pas. Notre association, fidèle à ses initiateurs, Michel Landa, Mireille Jospin et d’autres encore, souhaite qu’une solution soit trouvée pour l’ensemble des Français en fin de vie, dans la transparence, la liberté, l’égalité et la fraternité. Je reçois parfois des lettres me disant que nous sommes trop mous et que les Droits de l’Homme, sans la révolution de 1989 et la prise de la Bastille, n’existeraient pas. Certes. Mais combien d’entre nous, assis ici, cette après-midi, sous ces lambris dorés d’un palais qui a lui-même connu tant de révolutions, de destructions et de reconstructions, sont prêts à mourir pour défendre notre cause ? Nous attendons toujours celui ou celle qui accepterait de faire de son combat personnel un combat collectif. Mais il ne vient pas. Je le comprends parfaitement, tant la fin de vie est une période difficile à affronter sur le plan physique et psychologique.
Cette proposition 21, c’est notre mot d’ordre depuis que le candidat vainqueur l’a faite. Ce sera le nôtre jusqu’à juin 2013.
Juin 2013, en effet…
Le professeur Didier Sicard, nommé par le président de la République pour conduire une mission sur la fin de vie, lui a remis en décembre un rapport dans lequel il conclut sur l’utopie de légiférer sur la fin de vie et repousse aux calendes grecques toute forme d’ouverture vers une aide active à mourir, euthanasie ou suicide assisté. François Hollande l’a remercié chaleureusement, mais a annoncé aussitôt un texte en juin 2013.
Et je n’ai aucune raison de ne pas croire que cette échéance sera respectée. D’une part parce que c’est l’honneur de la politique de respecter les engagements. Ensuite – parce que l’on n’est jamais trop prudent – je connais des dizaines de parlementaires, regroupés autour de Jean-Pierre Godefroy, autour d’Alain Fouché, autour de Jean-Yves Leconte, présents ici aujourd’hui, et de tant d’autres qui travaillent sur ce sujet, qui ne laisseront pas passer cette opportunité inédite dans l’histoire de notre République et de notre association. J’associe à cette pensée notre amie Henriette Martinez, exceptionnellement absente aujourd’hui.
Nous voulons une loi maintenant !
J’entends aussi – décidément, j’ai de grandes oreilles – que certains qui ont le courriel facile disent qu’après tout Sicard est un type bien – certainement – et que ce qu’il nous propose représente une avancée et que nous devrions nous en contenter.
Non ! Nous ne réclamons pas et ne réclamerons jamais une demi-liberté. Nous ne demandons pas un os à ronger. C’est une question de dignité et d’honneur. C’est un hommage que nous devons à celles et ceux d’entre nous qui sont morts dans des conditions qu’ils n’ont pas souhaitées.
Mais qui sont ces personnes qui acceptent des compromissions, des arrangements. Nous ne voulons pas un peu plus de liberté. Nous ne voulons pas quémander. Nous ne voulons pas supplier. Nous voulons obtenir notre liberté. Seulement notre liberté. Mais toute notre liberté. Et nous ne dirons pas merci à ceux qui nous la donneront. Nous leur serons reconnaissants d’avoir brisé nos chaines, mais nous n’aurons fait que recouvrer notre liberté, l’ultime, l’élémentaire, la légitime, celle de rester des citoyens jusqu’au bout de notre vie. Debout et dignes.
Alors aux partisans de la compromission, je dis : « Ne comptez pas sur moi pour être celui qui vous aura mené à des demi-mesures. » Certes, ce n’est pas la révolution et les barricades réclamées par certains, mais c’est à tout le moins un vent de révolte. Chaud, dense, silencieux mais irrésistible.
Nous voulons une loi maintenant.
Nos 130 délégués, réunis ces deux derniers jours à l’occasion des 33èmes Journées des délégués de l’ADMD l’ont compris. Les moyens de l’ADMD, ceux que vous mettez à notre disposition pour notre liberté, ne seront pas mobilisés pour faire de la philosophie, pour nous regarder le nombril, pour disserter sur le changement d’une virgule ou sur de la sémantique. Ils seront utilisés pour convaincre, un à un, dans les départements et au Parlement, celles et ceux qui ont reçu mandat de la République de faire les lois. Vos délégués les rencontrent fréquemment, je les rencontre, certains sont présents aujourd’hui et je vais débuter en février une série de rencontres avec eux. Nous irons les chercher un par un. Nous les convaincrons que la mort, leur mort aussi, est inéluctable. Et qu’il faut mieux y penser aujourd’hui que de s’enfouir la tête sous l’oreiller. Comme le disait Marguerite Yourcenar, « entrer dans la mort les yeux ouverts. »
Nous voulons une loi maintenant.
Alors mobilisons-nous. Unissons nos forces pour une modification de la loi. Battons-nous pour avoir la même chance que les Néerlandais, les Belges et les Luxembourgeois qui déclarent leur sérénité lors de leurs vieux jours, grâce à leur législation qui légalise l’euthanasie.
Pour conclure mon intervention, Mesdames et Messieurs, chers amis, je vais répondre à la question que vous vous posez à présent et depuis que vous vous êtes assis à vos places. Pourquoi nous vous avons donné ces bonnets phrygiens ? Non pas pour abimer vos mises en plis. Non pas par goût du ridicule. Simplement parce que nous avons une campagne à mener. Et qu’au 21ème siècle, une telle campagne passe par la communication et par l’image. La communication, c’est Internet, les réseaux sociaux et surtout Twitter sur quoi vos délégués ont reçu une formation ce matin même. L’image, ce sont les symboles. C’est ce bonnet phrygien qui rappelle à tous – puisqu’il était question un peu avant de révolution – que notre République est et doit rester laïque. La vie, la fin de vie, la naissance, la mort : tout doit être soumis à la seule appréciation du citoyen, et non pas à des forces obscures, rétrogrades, qui peuvent certes apporter une sérénité à titre personnel et intime, mais dont on connaît les ravages lorsqu’elles prétendent régenter notre modeste chemin dans ce monde.
Alors bien sûr, ce bonnet n’est pas le plus élégant des couvre-chefs que vous ayez arborés. Mais il est très certainement le plus symbolique, le plus représentatif de notre combat et de notre volonté sans faille de dire à nos Voleurs de Liberté : Ma vie m’appartient.
Je vous remercie et vous donne rendez-vous en juin 2013.
Jean-Luc Romero
Président de l’ADMD