La semaine passée, le quotidien espagnol El Pais a publié une photographie censée représenter Hugo Chavez sur un lit d’hôpital. Quelques heures après le journal a, tant bien que mal, essayé de rectifier le tir.
El Pais, une des références du journalisme professionnel en Espagne a commis une erreur grossière en publiant une « fausse » photographie du président vénézuélien Hugo Chavez. C’est l’agence espagnole Gtres Online qui avait fourni ce document au quotidien espagnol. Cette agence travaille avec El Pais depuis plusieurs années. L’agence a reconnu qu’elle avait été trompée par une de ses sources. L’image est restée sur le site internet environ 1h30 avant que cela soit découvert.
Ce sont les internautes qui ont prévenu le journal via les médias sociaux. On s’aperçoit ici d’un phénomène nouveau, apparu avec Internet et plus particulièrement les réseaux sociaux : les internautes sont capables de fournir des informations et d’apporter une contribution à la presse.Ce qui est étonnant c’est qu’un des points sur lesquels est le plus critiqué la toile est d’être un haut lieu de la désinformation. Ici, les internautes ont permis à une structure professionnelle de se corriger. D’un côté on s’aperçoit d’un des avantages d’être présent sur les réseaux sociaux pour la presse et de l’autre la crédibilité de la presse est de plus en plus remise en cause.
L’image a bien sûr été retirée immédiatement du site internet et El Pais n’a pas caché son erreur et a tenu à s’en excuser. Ce mea culpa est aussi dû au fait que la version écrite avait déjà été distribuée avec la photo en une du quotidien. En plus de retirer la photo du site internet, ce qui s’est avéré simple, le quotidien a entamé un véritable effort logistique afin de freiner la distribution des exemplaires des points de vente en Espagne, en Europe et en Amérique. Une autre édition l’a remplacé. Même si le discrédit a pu être amenuisé, certaines personnes se sont procurées l’exemplaire notamment les abonnés ou par exemple les hôtels.
N’ayant pas réussi à savoir d’où provenait exactement cette image, le quotidien avait inscrit sous la photo qu’il n’avait pas réussi à vérifier les circonstances, le lieu et la date de la photographie. Mais c’est bien là que certaines questions se posent. El Pais a bien précisé qu’il n’avait pas pu vérifier les circonstances de la photo en raison des restrictions qu’applique le régime cubain (où est vraisemblablement hospitalisé Hugo Chavez). Par ailleurs, El Pais a lui-même enfreint les propres règles de son « règlement interne » (El libro de estilo) qui établit que « les photographies comme les images présentant un aspect déplaisant doivent être publiées seulement s’il elles ajoutent une information ». Or on sait déjà que H.Chavez est assez mal en point et même si le fait de le voir intubé peut apporter une indication sur son état, cette Une détient un caractère sensationnaliste qui fait débat.
La presse qui doit chaque jour plus prouver face à tous les blogs créés par des amateurs ces dernières années, n’a pas le droit de faire des erreurs de cet ordre. La confiance envers les journalistes s’est grandement détériorée ces dernières années et le fait de diffuser des infos dont la source n’est même pas vérifiable accroit cette méfiance causée par une dégradation latente de la qualité journalistique dans les rédactions.