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J'ai lu avec intérêt le dernier livre de Frédéric Nef, la Force du vide, même si je l'ai jugé assez sèchement, sans doute par précipitation.Or je tombe sur un article de Frédéric Loth qui cite un passage que j'avais noté, puis oublié :
" Si on pense le vide comme le rien, il n’y a pas de vide dans notre monde, mais si on pense le vide comme l’absence de fondement, d’essence, d’intrinsécalité, j’estime qu’il y a des arguments solides pour soutenir qu’il y en a dans notre univers, sous notre nez. En fait, nous ne voyons pas le vide, nous voyons à traversle vide, à partir d’une vacuité centrale en nous (sinon on serait si encombrés qu’on ne verrait pas) " (p. 83).
Le vide comme absence de fondement est la vacuité d'existence propre du bouddhisme, que Nef glose aussi par la belle expression "dépendance sans point d'arrêt" (p.6).La vacuité centrale est l'absence de formes et de couleurs, ici, au-dessus des épaules, cet espace vide à partir duquel le monde est vu, cette immensité qui accueille le monde.
Mais l'auteur de l'article soulève ensuite une série d'objections qui pourraient bien être celles d'un philosophe de la Reconnaissance adressée à un Bouddhiste : "Mais comment tout cela tient-il ? Comment rendre compte de l'unité du particulier ? Qu'est-ce qui fait tenir ensemble ce blanc, ce carré et cette valeur de lumière dans le tableau ?"En effet.Comment répondre sans invoquer la conscience comme acte, comme synthèse ?