Magazine
J’ai croisé les vedettes canadiennes ce weekend. Je parle de ces québécois qui sont les premiers à avoir accepté de participer à l’offre de vacances en Haïti que Transat a lancée il y a quelques mois. Je les qualifie de vedettes parce que depuis plusieurs semaines, tout le monde parle d’eux. Les critiques ont été nombreuses à l’effet qu’on ne trouverait pas de touristes pour venir dépenser de l’argent en Haïti : Insécurité, infrastructures routières et touristiques déficientes, attraites touristiques limités, extrême pauvreté ambiante… Ce n’est pas vraiment une surprise de trouver des gens prêt à débourser une semaine de salaire pour une semaine de vacances en Haïti. J’ai déjà pris plus d’un mois de mon salaire de l’époque pour me rendre péniblement et dans un confort plus que relatif jusqu’au camps de base de l’Everest. Je ne m’y suis même pas rendu en plus ! Facile donc de trouver 15 personnes pour sortir du -30 québécois et passer 4 heures plus tard à 60 degrés au dessus, pour découvrir un peu plus un pays qui fait plus souvent la une pour ses échecs et ses catastrophes qu’autre chose. La ministre du tourisme pousse très fort son dossier de relance du tourisme et a trouvé chez Transat une oreille attentive et intéressée. Le premier commentaire de ces voyageurs est le même que j’ai émis il y a plus de 4 ans et que Brandford Marsalis (il était ici pour le Festival de Jazz de PAP) a émis la semaine dernière : De quoi les journalistes nous parlent au fait quand ils discutent d’Haïti !? Ces touristes constatent donc que la réalité haïtienne n’a pas grand chose à voir avec l’image que l’on peut s’en faire via l’information que les médias de masse véhiculent. Une certaine réalité haïtienne du moins. La ministre du tourisme devrait tirer de ce constat sa première leçon et commencer à réfléchir à influencer les médias de masse. La tactique de communication restera tout aussi importante que de refaire les routes qui mènent de l’aéroport aux hôtels sur le bord de la mer. À cet effet, elle devrait trouver de très bons ambassadeurs avec ces touristes québécois. Ceux avec qui j’ai discuté sont sous le charme même si la pénible réalité des blokus perturbe leur séjour. Il faut dire à la décharge du système routier haïtien que les organisateurs avaient planifié un menu touristiques plus que copieux, question de faire la preuve par le réel qu’Haïti a beaucoup à offrir. Les quelques kilomètres entre PAP et la côte peuvent se transformer en quelques heures, surtout si tu décides de poster quelques visites sur le chemin (Le Panthéon du centre-ville, le village des Nouailles, le Rhum Barbancourt, …). Imaginez maintenant qu’il faudra aussi faire découvrir la mer du Nord avec ses îles et la Citadelle, les montagnes entre PAP et Jacmel, la ville de Jacmel, le sud de l’Île-à-Vache, de Camperin ou de Port-Salut, les beautés natuerlles de la Grande-Anse, … Les commentaires des 5 ou 6 personnes à qui j’ai parlé allaient tous dans le même sens : Haïti a quelque chose de différent à offrir et c’est cette différence (si on compare avec la tactique établie dans la République Dominicaine voisine) qui devrait définir l’approche en matière de tourisme. Raffermir l’offre dans ce sens et Haïti peut se définir une niche. Ça semblait une évidence pour tout le monde.