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La semaine politique : Hollande a besoin de journalistes utiles.

Publié le 28 janvier 2013 par Letombe
La semaine politique : Hollande a besoin de journalistes utiles.

Les deux fondateurs d'un magazine hors du temps mais baptisé XXI avaient choisi de fêter le cinquième anniversaire de leur profitable revue par un joli manifeste, une ode au travail journalistique réfléchi, au journalisme utile.

Cette semaine, 299ème de nos chroniques, illustrait trop parfaitement leur propos.

Jeudi, un journaliste est persuadé qu'Hollande a décidé d'abandonner sa taxe à 75%, celle-là même retoquée par le Conseil Constitutionnel. L'Elysée dément mais qu'importe. Ceux qui critiquaient cette taxe critiquent aujourd'hui son abandon. Le Figaro évoque l'embarras du gouvernement. Vendredi, Matignon annonce un texte d'ici un mois.
Polémique inutile, concentration médiatique anecdotique. Où est passé le journalisme utile ?
Divertir
Fessenheim sera fermée d'ici la fin du quinquennat. Pourquoi donc s'interroger ? La Fabrique de l'Opinion cherche des sujets, le JDD évoque ainsi des doutes sur les intentions gouvernementales, citant le Monde qui publie des extraits de rapports ministériels rassurants sur la sécurité de la centrale. Du coup, l'Elysée et la ministre de l'Ecologie Delphine Batho reconfirment la promesse.
Polémique éteinte, distraction médiatique. 
Des députés fourbissent leurs arguments contre le mariage pour tous. Cette affaire finit par agacer, elle occulte de plus graves sujets. La presse invite encore l'excentrique neo-réac Frigide Barjot. Un contigent d'UMPistes est allé exiger devant l'Elysée d'être reçus par le président lui-même. Hollande refuse. L'UMP est en vrac.  Elle organise une journée thématique sur la famille. Jean-François Copé revient d'Allemagne. Il suivait François Hollande parti là-bas célébrer le 50ème anniversaire du Traité de l'Elysée pour dire combien la France était mal partie. Vendredi, Hollande reçoit trois représentants auto-proclamés de la cause anti-mariage gay pendant quelques minutes. A la sortie, il balance un communiqué rappelant que le texte sera voté.
Il est à Lille, pour des voeux au monde associatif. Il fait l'aller-et-retour en avion... Voici quelques articles gâchés pour savoir si sa promesse de campagne de voyager en train serait enterrée. Non, mais Hollande doit pouvoir rentrer rapidement pour cause d'opération malienne.
Il faut rappeler que nous sommes en guerre. Les mots ont un sens.
Au Mali, les troupes franco-maliennes progressent vers le Nord, prudemment. L'une des organisations islamistes, Mujao, est d'accord pour négocier la libération d'un otage français qu'elle détient. En métropole, le Point fait sa une sur trois leaders d'Al Qaïda. On dirait les Dalton. Barack Obama, intronisé lundi pour son second mandat, passe un coup de fil de soutien à Hollande. Le Royaume Uni envoie des avions. Des renforts togolais sont arrivés. A Paris, on fait mine de découvrir que la France a des intérêts en Afrique, et notamment en uranium dans le Niger voisin. Jean-Luc Mélenchon continue son opposition, sans clarifier s'il est aussi hostile à l'intervention elle-même. On regrette une plus grande intervention européenne, mais l'Europe reste un nain politique. David Cameron promet à ses concitoyens un référendum sur une sortie de l'Union...

Des enseignants parisiens, nombreux, font grève contre un réaménagement d'horaires. En Sarkofrance, on aurait dit qu'ils défendent leurs avantages acquis. En Hollandie, comment appeler cela ? Jeudi, l'animateur de France Inter lâche cette improbable question: y-a-t-il un problème Peillon ? Le même animateur s'abstenait bien de décrire dans le détail la dite réformette qui suscitait cette grogne. Non, ce fichu journal radiophonique de 8 heures, ce jeudi matin hivernal, ne nous livrait qu'un prédécesseur (de droite) de Peillon confier combien l'Education est difficile à réformer, et quelques témoignages d'enseignants combien ils étaient déçus, déçus, déçus.  

D'ailleurs, les médias sont peu prolixes sur le sujet. La France manque d'enseignants.
Expliquer
Le même jour, Jean-Marc Ayrault corrige une injustice: il annonce au Sénat le rétablissement de l'Allocation Equivalent Retraite, supprimée par la droite en 2011. C'est une excellente nouvelle. Mais insuffisante. Quelque 200.000 chômeurs arrivent en fin de droit chaque mois, et sont précipités vers les minima sociaux.
Mardi, des ouvriers en colère de PSA et de Renault se retrouvent devant les caméras. Cette solidarité ouvrière fait plaisir. Les deux constructeurs automobiles ont annoncé des suppressions de postes. Depuis 2008, ouvriers et employés ont payé le plus lourd tribu lors des grosses vagues de licenciements. La Cour des Comptes le rappelle, mais la Fabrique de l'Opinion préfère s'attarder sur autre chose, la prétendue trop généreuse indemnisation des chômeurs. Ce n'est pourtant pas ce que dit la Cour des Comptes.
Justement, sur les politiques de l'emploi, la Cour critique, dénonce, fustige. C'est son rôle, malgré ses partis-pris. La presse (libérale) retient d'abord que le système va craquer. Quelques éditocrates s'en délectent. Jean-Pierre Elkabach, vendredi matin sur Europe1, demande à Michel Sapin, ministre du travail, comment il compte remédier aux 15 milliards d'euros d'abus qui déséquilibrent les comptes de l'UNEDIC. Sapin s'étrangle avec  raison.
Nulle part la Cour n'évoque des abus. Elkabach est quelqu'un d'éminemment grossier avec la vérité.
La Cour s'inquiète de la soutenabilité du régime d'assurance chômage. Elle regrette que le gouvernement Sarkozy ait tant tardé à répondre à la crise, que ses premières lois sur le travail ait aggravé le problème (offre raisonnable d'emploi, rupture conventionnelle, etc) plutôt qu'améliorer des dispositifs existants. Elle ne comprend pas pourquoi la formation professionnelle ne cible pas les plus précaires. Elle s'interroge sur l'inefficacité des contrats aidés version Sarkozy - mal ciblés, trop courts et avec trop d'accompagnement.
En décembre, le chômage est resté stable à 3,39 millions de sans-emplois (+272.000 sur un an !), sur un total de 4,6 millions d'inscrits à Pôle Emploi. Mercredi, le dispositif de contrat de génération - l'une des promesses phares du candidat Hollande - est voté à l'Assemblée par la gauche réunie. Environ 500.000 embauches sont espérées dans les 5 ans. Les députés ont ajouté une application immédiate pour les petites entreprises. L'UMP a voté contre, à quatre exceptions près. L'UDI s'est retranchée derrière l'abstention. 
Les votes ont un sens.
Rappeler
Le gouvernement supprime l'aide à la scolarité des enfants d'expatriés fortunés. Des critères de revenus ont été (enfin) instaurés pour décider de l'octroi des bourses aux quelque 115.000 élèves concernés. Il faut bien détricoter ces aberrations sarkozystes. Car l'ancien monarque avait parachevé le système en décidant le remboursement intégral des frais de scolarité des lycéens alors que son fils Louis entrait justement au lycée à New-York...
Sarkozy chercherait un milliard d'euros, la somme est gigantesque, la révélation est de Laurent Mauduit, chez Mediapart. L'ancien monarque voudrait diriger un fond d'investissements. Il aurait sollicité quelques grandes banques et même des fonds souverains (Qatar, Singapour). Le journaliste cite des preuves obtenues par les enquêteurs de l'instruction sur l'affaire Bettencourt, lors de leur perquisition du domicile et du bureau de Sarkozy l'an dernier. Mauduit ne dit pas s'il a des preuves. Le journalisme utile est aussi celui qui sait s'appuyer, de temps à autre, sur des faits différents de la seule bonne foi de son auteur.
La libération de Florence Cassez, cette Française emprisonnée au Mexique depuis 7 ans et condamnée à 60 ans de prison pour enlèvement, attire toutes les attentions. De l'émotion sur tous les écrans, un vrai bonheur, mais on dépasse la surdose. Pire, quelques sarkozystes tentent de défendre que la manière forte de leur mentor a porté ses fruits. Quelle curieuse réécriture de l'histoire !  Dans les médias, on tend son micro pour relater les petites phrases, mais on ne rappelle pas les faits, les déclarations. On ne re-publie rien. Et pourtant, rappelez-vous cette provocation suprême, en février 2011. Sarkozy déclarait « maintenir, en accord avec Florence Cassez, l'année France/Mexique. La supprimer serait une offense au peuple mexicain. » Mais il décidait dans le même couplet de la dédier à ... Florence Cassez... Et un mois plus tard, il annulait l'ensemble... Fichtre... Ni fermeté, ni diplomatie, des valses-hésitations et un grand fiasco à l'arrivée...
A suivre....


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