Le bilan commercial 2012 du transport aérien est trčs convenable.
Les voici enfin ! Les statistiques de trafic pour l’année 2012, dont seules les grandes lignes étaient connues grâce ŕ l’OACI, ont été établies par ID Aéro. Elles confirment ce que chacun pressentait, c’est-ŕ-dire une période de Ťcroissance soutenueť comportant un certain nombre d’interrogations. A savoir que les résultats des quatre premiers mois ont été nettement meilleurs que ceux des huit mois suivants, sans que l’on sache s’il s’agit d’un petit moment de faiblesse sans autres conséquences ou, tout au contraire, du début d’un passage ŕ vide qui justifierait une réelle inquiétude.
La vue d’ensemble, tout d’abord. A l’échelle de la plančte, le trafic a progressé de 5,6%, un taux Ťmedium plusť dans le jargon des économistes et, pour le commun des mortels, un bon niveau, qui plus est légčrement supérieur au taux annuel moyen de 5% qui sert de référence pour les 10 ou 20 prochaines années. De ce côté-lŕ, tout va bien. En revanche, de janvier ŕ avril, la croissance a atteint 7,3%, un niveau beaucoup plus élevé, sans doute lié ŕ une notion de rattrapage, l’année précédente ayant été profondément perturbée par le Printemps arabe, d’une part, le tsunami japonais, d’autre part. De mai ŕ décembre, la croissance est retombée ŕ 4,8%, ce qui revient ŕ dire qu’elle est sans doute revenue ŕ son niveau historique, ni plus, ni moins. C’est l’analyse des économistes d’ID Aéro. Peut-ętre convient-il de ne pas chercher plus loin.
Autre enseignement des statistiques de l’année 2012, la notion trčs marquée de segmentation du marché et l’apparition de différences marquées, voire contradictoires. De maničre générale (une expression qu’il faudra de moins en moins utiliser), les grandes compagnies classiques remontent la pente, exception faite de l’Amérique du Nord et des trois ténors européens, Air France-KLM, IAG (British Airways-Iberia) et le groupe Lufthansa. On connaît les raisons de cette situation, accrochée au premier plan de l’actualité : marché américain mature, fragilité au Canada, lenteur des trois grands européens ŕ s’adapter ŕ des circonstances concurrentielles nouvelles.
Le secteur low cost suscite, lui aussi, diverses questions. Un groupe de tęte se détache, marqué par une bonne santé éclatante, un assemblage de noms connus et de nouveaux venus. ID Aéro cite Tiger, Indigo, AirAsia, Norwegian, Vueling et JetBlue. D’autres dérapent, ŕ commencer par Gol, Air Berlin, Air Europa, et Kingfisher s’est écroulée. Et, plus étonnant, l’essoufflement de Southwest Airlines intrigue. Dans le męme temps, Ryanair et EasyJet poursuivent leur route. Dans ces conditions, les généralités ne sont plus de mise et il faudra apprendre ŕ les éviter.
Et l’Europe ? Elle se porte bien, tout simplement. Son trafic international a progressé de 7,7%, un trčs beau résultat et les lignes intérieures ont affiché une croissance de 5,6%. Les low cost ont fait beaucoup moins bien, ŕ peine +3,9%, sans explication connue ou identifiée. Il faudra creuser le sujet.
ID Aéro introduit une innovation en calculant les résultats obtenus par une autre forme de segmentation. Ainsi, en regardant les marchés dits Ťmaturesť, la progression du trafic atteint un modeste 2,5%. Et, ŕ l’opposé, les marchés émergents arrivent ŕ +9,6%. Impressionnant ! Pour qui pouvait encore en douter, le transport aérien est bel et bien entré dans une phase de profonde mutation. Certains des grands acteurs ont du souci ŕ se faire…
Pierre Sparaco - AeroMorning