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Je veux changer de siècle

Publié le 28 janvier 2013 par Paulo Lobo
Je ne comprends pas. Je ne comprends même plus le sens de ces écrits. Je ne sais pas à qui je parle. J'ai l'impression, pour la première fois, d'avoir fait mon temps, de ne pas appartenir à ce siècle. Je me prends à replonger 30 ans en arrière, et à me dire "avant, c'était mieux", tout en sachant que c'est surtout ma légèreté d'esprit et de corps que je regrette. Mon insouciance. La douce coulée des jours. Je pensais que je vivrais éternellement, voyez-vous, moi et tous ceux qui m'entouraient. Je pensais aussi que les certitudes étaient claires et que je pouvais, sans trop me forcer, défendre les idéaux les plus nobles. En tout cas, qu'il ne m'en coûtait pas grand chose de me montrer généreux, que cela ne m'en donnait que plus de panache. Aujourd'hui, je me trouve seul face à mon destin. Mais quelle phrase idiote! J'ai plus que jamais des êtres auxquels je tiens. Plus que jamais, je sais que je ne vaux rien sans eux. Plus que jamais, j'ai peur de les perdre. Plus que jamais, je sais que je vais les perdre. Ma douce nonchalance a volé en éclats. Mon corps lentement s'affadit. Mes yeux sont fatigués de voir. Alors qu'ils n'ont encore rien vu. Mon coeur lui n'est pas fatigué d'aimer. Aimer des personnes réelles, qui sont à mes côtés tous les jours, pas des inventions bricolées dans ma tête. J'ai rêvé cette nuit que j'étais perdu dans un labyrinthe sans fin. Je cherchais la sortie, une rue familière, un repère, tout était strict et géométrique, les lignes et les angles étaient droits mais je tournais en rond. Je ne voyais personne. Le ciel était dense et bas, oppressant, comme un plafond cloisonnant. J'avais mon coeur qui palpitait. Je me sentais abandonné. Puis soudain, peut-être après avoir transité par une de ces portes dérobées qui sont monnaie courante dans les rêves, je me retrouvais dans la rue normale, habillé en costume cravate normal, et je me dirigeais d'un pas décidé vers un bâtiment normal au bout de l'avenue. J'allais pointer pour faire mes heures de bureau. J'étais angoissé. Mais vous connaissez déjà cette histoire.
Je veux changer de siècle

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