Dans une chambre d’hôtel, un homme visionne une cassette vidéo, les mains couvertes de sang. Autre temps, autre lieu: une jeune femme visiblement traquée déclenche une fusillade dans un museum avant d’être elle-même atteint par une balle dans la tête dans un parc. Le détective Lola Gallagher, constatant que la femme n’est pas morte, la fait transférer à l’hôpital, mais le mystère reste entier: qu’a murmuré cette femme à la caméra de surveillance du museum? Pourquoi a-t-elle volontairement déclenché l’alarme? Et surtout, qui est-elle? Ses empreinte digitales sont effacées et elle est frappée d’amnésie. Une alliance trouvée à son doigt suggère qu’elle s’appelle Emily. Le détective Gallagher est bien ennuyée… Surtout que les tentatives de meurtre sur Emily ne cessent pas: la voilà déjà échappée de l’hôpital. Il faut impérativement qu’elle retrouve la mémoire. C’est là qu’entre en scène Arthur Draken, un psychiatre ami de Lola, aux méthodes peu orthodoxes.
Intriguée par le succès de cette série de roman qui se propose de transposer à l’écrit ce qui fait le succès des séries policières télévisées, j’ai profité de la gentillesse d’Anne Sophie pour braver mes répugnances avec le genre policier et tester… Je ne suis pas certaine que l’expérience soit concluante. Commençons par le positif: les personnages sont particulièrement bien campés. J’ai beaucoup aimé Lola Gallagher, femme forte voire dure, contrainte de gérer le danger de son travail, ses démons, ses addictions, son fils de onze ans qu’elle protège envers et contre tout. Une femme moderne, et un profil de personnage qui a déjà fait ses preuves dans nombres de séries mettant en avant un personnage principal féminin (je pense notamment à Profiler, Bones ou Castle qui jouent exactement sur ce type de belles de glace à faire fondre). J’ai beaucoup aimé suivre ses histoires familiales et professionnels avec leurs terribles rebondissements. Le docteur Draken lui aussi a un côté savoureux, non conventionnel, et la longue consultation d’une de ses vieilles patientes qui aime surtout se plaindre est succulente de cynisme et de moquerie.
Néanmoins, côté intrigue policière, là… j’ai l’impression d’avoir été un peu trompée sur la marchandise. Disons-le tout net, on n’apprend rien, dans ce premier tome concernant Emily ou les gens qui la traquent. En d’autres termes, à part les courses-poursuites, j’ai eu la nette impression que l’histoire n’avançait pas d’un iota. Quand au sérum lui-même qui donne nom au titre, c’est à peine si on l’évoque dans le livre et on n’en verra pas une seule seconde les effets: pub mensongère, surtout quand on regarde la quatrième de couverture. A mon sens, trop de suspens tue le suspens et là, j’ai un peu l’impression d’avoir perdu mon temps et que j’aurais pu passer directement au tome 2 vu le peu d’information que ces 180 pages m’ont apportées. Je suis toujours un peu agacée de ces romans qui sont incapables de compter pour eux-mêmes.
Un dernier mots sur les nombreux flashcodes qui jalonnent le texte et qu’on nous invite à utiliser en cours de lecture. Moi qui attendais une forme d’interactivité, j’ai été bien déçue de ne constater qu’il ne s’agissait que de musiques d’ambiance et qu’en plus, le même flashcode revenait régulièrement dans le livre et donc qu’elles tournaient un peu en rond. Pas très utile à mon sens…
La note de Mélu:
Des clichés faciles, des promesses non tenues, un roman qui sert surtout à faire acheter le suivant…
Un mot sur les auteurs: Henri Loevenbruck (né en 1972) est un auteur et chanteur français, spécialisé dans les thrillers. Fabrice Mazza est un auteur spécialisé dans les énigmes.