Magre, Scob, Giorgetti : retour d'un irrésistible trio...

Publié le 28 janvier 2013 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Créés il y a déjà 26 ans par la même équipe, les "Inventaires" de Philippe Minyana réjouissent à nouveau les spectateurs grâce à la poésie du quotidien, de l'ordinaire,  si habilement maîtrisée par l'auteur, la mise en scène malicieuse de Robert Cantarella, et surtout l'interprétation complice et jubilatoire de trois immenses actrices, Judith Magre, Edith Scob et Florence Giorgetti. A déguster sans modération !

Invitées à venir se raconter sur le podium d'"Inventaires Montparnasse 2013" par un animateur (camelot de supermarché ou présentateur télé de second choix incarné par Robert Cantarella), trois femmes  dévoilent des bribes d'existence à partir d'objets chers à leurs yeux qu'on leur a demandé d'apporter. Jacqueline et sa cuvette ("c'est qu'une cuvette mais les cuvettes des fois c'est elles qui vous racontent le mieux votre vie"), Barbara et son lampadaire ("témoin numéro un"), très contente d'être là car sa vie est "tellement un désert", Angèle et sa robe de 1954, enfin,  "la robe du destin disons de l'amour"... Petits bonheurs et grands malheurs (ou l'inverse) de parcours semblables à tant d'autres, elles se racontent avec lucidité, franchise et humour. Les paroles coulent à flots, comme un étrange, irrépressible besoin de dire, et de jeter un oeil dans le rétroviseur.

Dans une version très légèrement retouchée, le texte de Minyana n'a rien perdu de sa saveur, n'a pas pris une ride. Cocasse, touchant, authentique, empli d'humanité (rappelons qu'il fut écrit pour les comédiennes à partir de véritables interviews de femmes). Robert Cantarella coordonne brillamment ce reality show testimonial aux enjeux mystérieux, en fait un contre la montre surréaliste et irrésistible au cours duquel ces divas des planches, au sommet de leur art, jouent des coudes pour exister. Elles s'en donnent à coeur joie, développant dans des registres différents et merveilleusement complémentaires un jeu toujours plus magistral à mesure que la représentation avance, et transforment ces portraits croisés en une seule et même ode à la vie, aussi banale soit elle. 

Le spectacle file vite. Très vite. Pourrait prendre davantage son temps. Il faudra vous accrocher pour ne rien perdre de ce que Barbara, Angèle et Jacqueline vous confient à cent à l'heure, en à peine une heure de temps. Mais quel bonheur !

Ne les manquez pas.

Au Poche-Montparnasse.

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Photo : pascal Chareyron / Lamontagne.fr