Parce qu’Omar multipliait les albums et les projets solo, parce que leurs prestations live se raréfiaient et perdaient toute l’intensité qui avait fait leur gloire, parce que “Noctourniquet” n’a rien à voir avec le groupe de “De-Loused In The Comatorium”. The Mars Volta, c’est terminé.
Plutôt que deux égos, ce sont deux visions de l’art, de la musique et du business qui s’opposent. Omar vit la musique, pour lui elle doit être une progression constante, un chemin sur lequel on ne cesse jamais d’avancer et dont on n’entrapercevra jamais le bout que sur son lit de mort, à l’instant où s’en ira le souffle de vie. Cedric lui, vit pour la musique, pour ses prestations live, pour ceux qui aiment son groupe et l’ont fait vivre pendant toutes ces années. Omar ne la ressent plus, Cedric doit la jouer. Comment en vouloir à l’un ou l’autre? Une grande proximité entre deux personnes n’empêchera jamais la naissance d’un différent abyssal, en absolue contradiction avec la relation quasi-télépathique qu’ils entretiennent.
Aucun ne peut être plus responsable que l’autre, aucune de ces deux visions n’est moins respectable que l’autre. Surtout, aucune des deux ne me reprendra jamais ce répit que The Mars Volta m’a accordé, ce cocon isolé de tout dans lequel je peux encore me réfugier et me retrouver enveloppé par la même plénitude et baigner dans les mêmes émotions apaisantes.
Arriver à ce point de détresse affective où l’annonce de la séparation d’un groupe vous met le moral en berne au point de vous arracher des larmes de tristesse; où l’on réalise qu’on a quelque chose de si précieux à cette musique et à ceux qui la jouent que le fait qu’ils aient ne défendent plus la cause de la même entité musicale.vous est insupportable. Aucun être ni objet ne peut nous appartenir plus que dans le fracas de sa perte, à l’instant où se produit la cassure provoquée par sa soudaine mise à distance. Une cassure qui ne dure qu’un seul instant mais qui éprouve durement les liens et contribue à définir leur avenir. Ressentir pour soi-même cette cassure nous mettrait en contemplation devant notre propre existence et toute sa richesse: vu qu’il s’applique à la personne elle-même, les liens à redéfinir sont inexistant et la contemplation ne durera pas bien longtemps avant de heurter le mur de la fin que sa manifestation implique.
Logiquement, cet état est celui qui précèdera un suicide accompli.