Vous aimez le colonialisme armé? Vous adorerez le colonialisme « vert ». Science daily vient de publier sur son site l’état global du « land grabbing » ou accaparement des terres. Les crises alimentaires et financières de 2008 ont provoqué une incroyable course pour la mainmise sur les terres cultivables partout dans le monde. Plus de cinquante millions d’hectares ont déjà changé de mains. Des industriels, des financiers, des multinationales et même des gouvernements de pays riches cherchent à produire, voire à délocaliser leur agriculture, dans les pays pauvres. Ces mêmes pays qui parfois n’arrivent pas à nourrir leur propre population.
Selon Science Daily, 41 Etats pratiquent le »land grabbing » (ou accaparement de terres agricoles), et ce dans 62 pays.
Près de la moitié (47 %) des terres accaparées se trouvent en Afrique et un tiers (33 %) en Asie. La pratique s’accompagne aussi d’une appropriation indirecte de la ressource en eau. Près de 60 % de l’eau est ainsi accaparée par des entreprises venues des Etats-Unis, des Emirats Arabes Unis, de l’Inde, du Royaume-Uni, d’Egypte, de Chine et d’Israël.
Les Etats les plus touchés par les land grabbing sont l’Indonésie, les Philippines et la République démocratique du Congo.
Paolo D’Odorico , un des chercheurs de l’Université de Virginia qui a participé à cette étude estime que « la sécurité alimentaire des pays alimentaires dépend de plus en plus de l’agriculture dans les pays où le land grabbing est pratiquée. Dans ces derniers, les populations sont exclues de l’usage d’une grande partie des terres. Même une petite portion des ressources détournées suffirait à réduire durablement la sous-nutrition qui sévit encore dans ces pays. De plus, les populations perdent le contrôle direct et la gestion de leurs terres et des eaux. Sur le long terme, cela peut conduire à une surexploitation de ces ressources par les étrangers, avec des effets négatifs sur l’environnement, alors que les petits agriculteurs les géraient mieux. Les habitants abandonnent aux pays riches leurs plus précieuses ressources naturelles. Toutefois, les multinationales peuvent se permettre d’investir dans des technologies, comme l’irrigation, qui augmentent la productivité agricole tout en créant des emplois pour les populations locales ».
La Matrice des transactions foncières (Land Matrix), consultable depuis 2012 sur Internet, donne l’état des lieux des acquisitions et locations de terres agricoles par des acteurs étrangers, publics ou privés, soucieux de subvenir aux besoins alimentaires de la population de leur propre pays. Ce travail a été réalisé, à partir de données rassemblées pour la première fois, par un groupe de chercheurs appartenant, entre autres, au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et à l’université de Berne.
Mauvaises récoltes en raison en partie des changements climatiques provoqués par notre mode de vie, agriculture intensive qui pollue et appauvrit nos sols, destruction des abeilles et des plantes rares favorables à l’agriculture, jeux de la faim des spéculateurs en ressources alimentaires, développement des OGM et des biocarburants, suralimentation et gaspillage alimentaire inouï, sur exploitation des ressources sous-marines …
Et maintenant depuis environ une bonne dizaine d’années accaparement des terres. Bon. C’est bien. Continuons comme ça. C’est une affaire qui marche. Jusqu’à quand? Nos enfants s’en dépatouilleront. Alea Jacta est.
Source: Goodplanet.info
A voir: Planète à vendre, documentaire Arte diffusé en 2011
Sur 90 minutes, le réalisateur Alexis Marant raconte comment la terre est devenue une marchandise comme une autre dans trois pays. Pour garantir la sécurité alimentaire de son pays, le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite a confié au secteur privé la tâche d’investir dans l’agriculture en Afrique. Un entrepreneur indien vient de racheter 300 000 hectares de terres agricoles dans l’ouest de l’Éthiopie. Sur sa surface, vaste étendue de terre vierge, Karuturi espère bien produire plusieurs millions de tonnes de denrées alimentaires. Avec 300 000 hectares, il pourra produire 3 millions de tonnes de riz. Une catastrophe pour les populations locales, coupées de l’accès à l’eau et aux pâturages pour leurs bêtes.
L’arrivée de gros entrepreneurs sur les terres d’Afrique provoque l’expropriation de nombreux agriculteurs locaux. En Amérique Latine, c’est le soja qui envahit l’Argentine, où les plantations transgéniques se multiplient, et l’Uruguay, où il est devenu la principale culture au détriment de la biodiversité.
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