La Premier Rugby, vient de signer un contrat de 150 millions de livres sterling avec le diffuseur BT Vision, ce qui va changer la donne du rugby européen et même mondial. Les clubs français doivent immédiatement renégocier le contrat qui le lie à Canal Plus s’ils ne veulent pas que le Top 14 ne devienne pas la nouvelle Ligue 1 du rugby.
Le championnat anglais qui depuis trois ou quatre ans était un peu en retrait par rapport aux championnats français et celte semble reprendre des couleurs. Comme moi, vous avez dû noter les performances des clubs d’outre-manche en Coupe d’Europe, l’excellent jeu des Harlequins, des Saracens et à un degré moindre des Tigres du Leicester.
Il y deux ou trois ans, le Top 14 était vraiment en train de prendre le dessus sur son rival anglais : les matchs se jouaient à guichet fermé, les délocalisations faisaient recettes, les clubs faisaient venir des stars comme Tana Umaga, Jonny Wilkinson, Sonny Bill Williams, Mark Gasnier, Juan Hernandez, etc. Les présidents des clubs se sont mis alors à espérer que l’offre télé suivrait malheureusement pour eux l’absence de concurrence a laissé Canal Plus en position de force pour signer un contrat qui lui est très largement favorable. Aujourd’hui, les spectateurs boudent les matches, la crise est passée par là, ce qui paradoxalement n’a pas empêché les clubs de revoir leur politique tarifaire pour l’achat de billets à la hausse ! A quelques exceptions prêt, les infrastructures et les stades n’ont pas été autant rénovés qu’ils auraient dû l’être.
De son côté, la Premier Rugby, entité qui gère le rugby professionnel en Angleterre, peut se frotter les mains. Le nouveau réseau de chaînes de télévision britannique BT Vision vient d’arracher à son concurrent Sky les droits du championnat de rugby local pour un montant de 150 millions de £, soit environ 180 millions d’euros ! Sachant qu’ils ne seront que douze clubs à en profiter et que la D2 anglaise n’entre pas dans le périmètre de redistribution on peut imaginer que les clubs anglais vont rapidement récupérer le retard qu’ils avaient pris en terme de budget sur leurs homologues français qui ne peuvent s’appuyer sur une telle manne. De plus la Premier Rugby connaît un succès populaire comparable à ce que connaissait le Top 14 il y a deux ou trois ans, les délocalisations bien que moins nombreuses qu’en France font recettes et Twickenham est rempli pour recevoir le derby londonien entre Quins et Sarries ! Si on ajoute à ça, la domination de la langue anglaise qui permet d’attirer plus facilement des investisseurs venus d’autres pays et une meilleure exposition médiatique, les Français ont du pain sur la planche pour que le Top 14 ne devienne pas la nouvelle Ligue 1 du rugby. Surtout qu’avec la perspective du Mondial 2015, le rugby anglais va bénéficier d’un coup de projecteur sur lequel les clubs français ne peuvent compter (à moins que ce Mondial ne soit remporté par les Bleus).
Paul Goze, le nouveau président de la Ligue, a d’ailleurs fait de la renégociation du contrat qui lie le rugby professionnel français à Canal Plus une priorité. Heureusement, l’arrivée de la nouvelle chaîne qatarie Be In Sport a considérablement changé la donne. Il faut espérer que Canal Plus comprenne que si elle veut garder cette relation privilégiée qu’elle a eu avec le rugby français elle devra revoir à la hausse ce contrat, peut être même avant son terme. Le diffuseur du Top 14 doit comprendre que du montant de ce contrat dépendra la crédibilité du produit qu’il vend.