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L’oiseau canadèche de Jim DODGE

Par Lecturissime

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♥ ♥

« - Nous refusons tout ce qui sort de l’ordinaire.

- Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite, non ? »

L’auteur :

Né en 1945, Jim Dodge est une figure atypique de la littérature américaine, à la fibre nettement écologiste et libertaire. Peu prolifique, auteur de quatre livres, trois romans et un recueil de poésie, l’homme a pris le temps de vivre, a partagé durant quelques années l’expérience d’une communauté autonome de Californie, exercé divers métiers, entre autres bûcheron, berger, joueur professionnel, etc. Il oeuvre aujourd’hui pour la préservation de l’environnement dans un ranch de la région de Sonoma. Après Stone Junction, L’Oiseau Canadèche a rencontré un accueil très enthousiaste.

L’histoire :

À près de 80 ans, Jake envisage sereinement l’avenir : c’est qu’un vieil indien lui a révélé le secret de l’immortalité, la recette d’un tord-boyau carabiné, le « Râle d’agonie », qu’il est a peu près le seul à pouvoir avaler : « Bois ça, tiens-toi peinard et tu seras immortel » lui a affirmé Johnny Sept-Lunes, avant de rendre son dernier souffle.

À la mort de sa fille qu’il a à peine connue, Jake se bat pour gagner le droit de recueillir son petit-fils : c’est que l’administration rechigne un peu à confier l’enfant à un vieux solitaire excentrique, porté sur le jeu et la bouteille, réfractaire à toutes les contraintes sociales, travail et impôt en premier lieu. Écumant avec une chance insolente les tables de poker de tout l’Ouest, il gagne de quoi se racheter une moralité aux yeux de l’état américain, et le droit conséquent d’élever son petit-fils. Quelques divergences de caractère semblent éloigner le jeune Titou de son grand-père, en particulier sa passion pour les clôtures ainsi qu’une relative sobriété, alors que toute forme de barrière répugne son alcoolique de grand-père. Mais le duo fonctionne pourtant bien, et mieux encore du jour où Titou découvre Canadèche, canard boulimique et fort sympathique, qui devient le compagnon préféré. La vie s’écoule à peu près totalement peinarde, à peine perturbée par la présence sur leur domaine d’un antique et monstrueux sanglier... En lequel Pepe Jake croit reconnaître la réincarnation de son vieil ami indien, alors que Titou le chasse comme son pire ennemi…

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Traversé d‘un agréable souffle libertaire, L’Oiseau Canadèche est un délicieux conte naturaliste moderne, un trésor de malice et de tendresse brillant comme un coeur de canard… (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

Canadèche est un conte assez délirant, cocasse et certaines scènes restent gravés dans nos mémoires. Celle du cinéma par exemple, où l’on apprend les goûts cinématographiques très sûrs de Canadèche, ou encore celle durant laquelle le grand-père décide d’apprendre au volatile à voler, sans prendre en compte la loi de l’attractivité terrestre…

Les personnages sont profondément humains, inspirés, hors-normes et nous permettent d’évoluer dans un monde parallèle bienheureux, simple dans lequel ennemis et amis sont clairement identifiés. Tout coule dans l’univers de cette drôle de famille.

« On pense à Richard Brautigan et son Général sudiste de Big Sur pour les divagations pacifistes, au James Crumley de La danse de l’Ours pour mille raisons, au Denis Johnson de Déjà mort pour les vies d’aventure remontées au petit bonheur, à Will Oldham de Palace Music pour le trémolo dans la voix, à Sherman Alexie pour l’eau de feu, les visions… à tous ces tendres déconneurs qui dans le effluves matutinaux de café remettent leur casquette, leur épaisse chemise à CARREAUX, et remontent dans le pick-up intersidéral de leurs vies cabossées. » ( Postface de Nicolas Richard)

Ce que j’ai moins aimé :

Trop court, je suis restée sur ma faim, surtout que j’en avais énormément entendu parler par la blogosphère.

Pour moi, ce court roman souffre d’un problème de construction : les premiers chapitres mettant en place l’action sont trop longs par rapport au court nombre de pages du roman : « Brève histoire de famille » présentant la famille des personnages court de la page 11 à 55, soit près de la moitié du roman, « Canadèche » centré sur le canard, partie plus drôle et intéressante à mon goût, de la page 59 à 105.

Les ellipses temporelles sont des tunnels occultant tout un pan de l’histoire des personnages, puisque l’on passe de Titou enfant à Titou adulte de vingt ans en quelques pages à peine.

Le tout aurait pu être plus fluide en étant plus travaillé à mon sens.

Premières phrases :

« Elle avait dix-sept ans ; elle s’appelait Gabrielle Santee ; elle était enceinte de trois mois quand elle se maria avec Johnny Makhurst, dit le Supersonique. Lui, il était pilote d’essai chez Boeing et venait de faire un héritage ; il lui était échu la modeste fortune d’un quincaillier de l’Etat de d’Ohio. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Stone Junction

Autre : souvent cité dans le Challenge Rire et Humour. 

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D’autres avis unanimes :

Presse et libraires :

« Cela faisait un petit paquet d’années qu’on rêvait de voir ça, histoire que soit enfin rendu un hommage public et massif au plus formidable des livres courts découvert ces 10 dernières années. » Benjamin Berton, Fluctuat

« Quel excellent petit remontant. J’ai adoré. » Librairie A livre Ouvert à Bruxelles

« Un court roman sur la Liberté comme seuls les Américains savent les faire ! 106 pages de pur bonheur, de folie, de Grand Ouest Américain, de clôtures, d’échecs, de whisky qui rend immortel, de canard chasseur de sangliers… Les aventures de trois personnages, un orphelin, un vieux grincheux et un canard, dont le but principal est de vivre tranquillement, loin de toute contrainte quotidienne. Bref, les 106 meilleurs pages publiées depuis bien longtemps. » François, Librairie des Halles à Niort

« Jim Dodge appartient à sa manière à la communauté des poètes du grand Ouest américain tels que Brautigan, James Crumley ou Denis Johnson. Un écrivain à découvrir de façon idéale avec L’Oiseau Canadèche. » Florence, Librairie Atout Livre

« Un petit roman folk bienfaisant, comme une chanson de Neil Young ou de Greg Brown. Pastorale hors la loi, conte spirituel et spiritueux, eau de vie de bouilleur de cru, petit élixir du grand Ouest américain  ! Santé  ! » Julien de la Panneterie, Librairie Millepages

« C’est une fable absolument incroyable, totalement décalée, réjouissante. Un livre à lire, à relire et à faire lire sans modération. » Télématin, France2, Linda Cassou, libraire à Antipodes

« Vif, mordant et malicieux. » Elle

« Réjouissant et constamment surprenant. Un conte de fée vient de se poser sur terre. » Daily Telegraph

« Un conte moral moitié Zen moitié Punk. Intensément drôle et bizarrement profond. » Herald

« Un canardage sauvage. » The Times

« Vous allez l’adorer. » Independent on Sunday

« Incroyable...Un joyau, une pépite, un diamant dans la gadoue. » San Francisco Chronicle

« Une fable californienne contemporaine au charme transcendant, sagesse et beauté. » Los Angeles Time

« L’Oiseau Canadèche est une petite praline bourrée de tendresse, un improbable conte anarcho-onirique de la plus belle eau (de vie). » Sophie Creuz, L’Echo

« Si le distillat obtenu par Pépé Jake, le Vieux Râle d’Agonie (…) est effectivement “à 97 % pur”, alors le petit livre tout aussi spirituel que spiritueux présentement ouvert entre vos mains est à 97 % un coup de génie. Les 3 % qui restent pouvant, selon l’appréciation de chacun, relever du délire animalier, de l’apologie de la clôture, du manifeste anarchiste, de l’éloge de la vieillesse, du manuel de siphonage à contre-pente, du souvenir de la balle de golf aspirée au bout de 25 m de tuyau d’arrosage, du traité d’échec sous les séquoias, etc. » Nicolas Richard

« 100 pages stylistiquement trempées dans le Vieux Râle, un whisky indien qui aurait le pouvoir de rendre immortel, et traversées de visions célestes façon Steinbeck on acid. (…) Ça pourrait être niais, naturaliste emmerdant, c’est mortel. » Blog Discipline in disorder

Blogs :

Aifelle ; Cathulu ; Dominique ; Clara  ; Theoma Chaplum, ChocoKathel, Keisha, Mango

L’oiseau canadèche, Jim Dodge, Traduit de l’américain par Jean-Pierre Carasso, Cambourakis, 112 pages, 10.20 euros


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